Les listes explosives du FLN La situation est explosive au Front de libération nationale (FLN).» Cette confession vient d'un cadre encore en activité au sein du parti. Pour quelle raison ? Notre source indique que la confection des listes de candidatures aux élections législatives du 10 mai prochain peut aggraver la crise qui secoue l'ex-parti unique depuis plusieurs années déjà. D'ailleurs, la direction nationale menée par le secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, temporise pour rendre publiques les listes afin d'éviter les recours, et empêcher par la même que les prétendants insatisfaits n'optent pour la désertion des rangs et se présentent sur des listes indépendantes. La nouvelle va certainement révolter tous ceux qui «cherchent une place au soleil». Selon notre source, 90% des membres du bureau politique et 80% des mouhafedhs sont têtes de listes dans les différentes circonscriptions du pays. Les membres de l'exécutif, la plupart des ministres, sont candidats dans les grands centres urbains. Le président sortant de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, est candidat à Alger. Le ministre de l'Enseignement supérieur, Rachid Harraoubia, se présentera à Annaba. Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Protection sociale, est tête de liste à Tlemcen, son collègue des Transports, Amar Tou, est candidat à Bel Abbès. Les autres membres du bureau politique, à savoir Abderrahmane Belayat, Madani Bradaï, Mohamed Alioui, secrétaire général du l'Union nationale des paysans algériens, Layachi Daadoua, Si Affif, Filali – dont le fils est député dans cette législature –, Abdelkader Mechebek et Kassa Aïssi sont respectivement têtes de listes à Sétif, Djelfa, El Bayadh, Biskra, Mostaghanem et Tissemsilt, et peut-être Béjaïa pour le dernier. Les autres membres de l'exécutif, Leila Tayeb et Abdelkader Zahali, ne peuvent se présenter étant membres du Conseil de la nation. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, ne compte pas aussi présenter sa candidature. Deux autres ministres du parti, Saïd Barkat, de la Solidarité nationale, et Djamel Ould Abbès, de la Santé, n'ont, selon nos sources, pas émis le vœu de briguer un autre mandat à l'APN. Les autres listes du FLN seront bien évidemment animées par les mouhafedhs. Abdelaziz Belkhadem n'a pas encore jugé opportun de rendre publiques ses listes. Il veut mettre les éventuels protestataires devant le fait accompli à quelques jours seulement des délais officiels pour le dépôt des candidatures prévu le 26 mars prochain. Pour notre source, la manière dont sont choisis les candidats du parti est fortement contestée. Autrefois, la tâche était confiée à une commission plus ou moins neutre. Mais cette fois-ci, c'est le bureau politique et les mouhafedhs qui décident de ceux qui sont éligibles et ceux qui ne le sont pas. C'est une pratique inédite, confie notre source, parce qu'ils sont juge et partie. Evidemment, selon les informations qui parviennent du siège national du parti, Abdelaziz Belkhadem et ses partisans se sont bien servis. La plupart des membres de la direction sont têtes de listes. A vrai dire, il y a peu ou pas du tout de place pour le mouvement de redressement et de l'authenticité, dont le coordinateur Salah Goudjil s'apprête à rencontrer demain le secrétaire général du FLN. Ce sera un coup d'épée dans l'eau, soutiennent les militants du parti qui ne misent pas un rond sur l'issue de ce tête-à-tête qui va porter essentiellement sur les élections législatives. Selon eux, il ne reste plus rien à prendre. Ceux qui l'ont compris n'attendent en réalité rien de cette entrevue qui servirait plus Salah Goudjil et son petit cercle de négocier une sortie avec la direction du parti.