Se préparer à l'amenuisement de la rente pétrolière Les économistes participant au symposium organisé, hier à Alger, par le Forum des chefs d'entreprises (FCE), étaient unanimes à dire qu'il est aujourd'hui urgent de préparer l'économie nationale à des échéances incontournables : celles d'un amenuisement, certes progressif mais inscrit dans les chiffres, des réserves nationales d'hydrocarbures et de la rente qu'elles ont procurée jusqu'à présent. L'ouverture la plus large du débat sur l'épuisement inévitable des réserves, jusque-là confiné dans des cercles fermés de politiques ou d'experts, apparaît à ce titre comme une nécessité de premier ordre pour l'ensemble des acteurs économiques nationaux. Selon le professeur Abdelmadjid Attar, ex-ministre et ancien directeur général de Sonatrach, les réserves d'hydrocarbures de l'Algérie sont, aujourd'hui, entamées à au moins 50%. Dès 2022, il faudra s'attendre, très probablement, à ce que la rente pétrolière baisse. Aussi, il est prévu que les exportations diminuent à partir de la même année, alors qu'en 2030, l'Algérie ne pourra produire que des quantités lui permettant d'assurer son autosuffisance. Le degré d'épuisement avancé de nos réserves «nous impose de constituer une réserve stratégique pour les générations futures, à défaut de leur léguer une économie diversifiée capable de progresser par elle-même», explique-t-il. M. Attar ne manque pas d'appeler, par la même, à la nécessité d'une stratégie urgente en matière de transition et de modèle de consommation énergétique vers l'économie d'énergie et le renouvelable, d'autant que le processus de recyclage et d'utilisation efficace de la rente n'a pas permis de concrétiser les attentes en termes de diversification de l'économie nationale et de progrès social. Pour lui, le potentiel de l'Algérie en hydrocarbures non conventionnels semble important, mais nécessitera des investissements très élevés. Une exploitation pourrait être envisagée au-delà de 2030 pour assurer l'approvisionnement du marché intérieur après 2040. Mais pour l'heure, affirme M. Attar, l'on peut toujours compter sur le pétrole, surtout que le marché pétrolier, entré dans une phase de changement majeur, exclut, à long terme, un retour durable à un prix inférieur à 100 dollars le baril. Cependant, à court terme, «un renversement est toujours possible en cas de réaction tardive de l'OPEP à l'évolution défavorable de la conjoncture», souligne encore M. Attar.