« On mène un combat, mais on ne combat personne. » C'est en ces termes que le SG du Syndicat des vétérinaires (SNVFAP), le Dr Kaddour Hachimi Karim, résume le bilan de la grève de 7 jours des vétérinaires du secteur public. Un mouvement qui, malgré la volonté de la tutelle (ministère de l'Agriculture et du Développement rural) de le « casser » par voie judiciaire, a été « massivement suivi, soit 97% de la corporation », indique le syndicat. « La justice, saisie par le ministère, n'a pas jugé nécessaire de geler ou de prononcer l'illégalité du débrayage qui a eu lieu du 4 au 10 février 2006 (...) Ce qui prouve que notre dossier était lourd », a ajouté le syndicaliste au cours d'une conférence de presse animée, hier, au siège de l'Institut national de médecine vétérinaire à El Harrach (Alger). S'il se dit « touché » par les marques de sympathie exprimées par l'opinion publique, le SNVFAP déplore cependant le silence de la tutelle. « Le ministère de l'Agriculture n'a pas jugé utile de discuter avec nous, alors que la couverture vétérinaire nationale était en grève pendant toute une semaine. Les abattoirs, les tueries (viandes rouges et blanches), les inspections vétérinaires des frontières (ports et aéroports) étaient à l'arrêt et pourtant cela ne semblait guère émouvoir le ministère de l'Agriculture. Nous profitons de cette rencontre pour infirmer les propos du directeur central des services vétérinaires selon lesquels les viandes ont été contrôlées durant le mouvement. Contrôlées par qui ? Aucun vétérinaire n'a travaillé, sauf pour assurer le service minimum, tel que stipulé par la loi », enchaîne le Dr Kaddour, non sans rappeler l'objet de cette grève « faite à contrecœur ». « Nous revendiquons trois petites primes (contagion, pénibilité et documentation), une revendication jugée légitime, car consacrée dans un procès-verbal signé successivement par la Fonction publique, le ministère de l'Agriculture, le ministère des Finances et notre syndicat en mai 2005 ». Et d'ajouter : « Pourquoi le ministre persiste à dire qu'il s'agit d'un problème qui ne le concerne pas et que notre revendication relève du chef du gouvernement ? Il est ministre de la République. Il doit assumer. Nous ne pensons pas que le chef du gouvernement puisse bloquer sans raison trois misérables primes. » Résolu à ne pas baisser les bras, le syndicat des vétérinaires n'exclut pas de « revenir à la charge, car la base bouillonne depuis bien longtemps et semble déterminée à aller jusqu'au bout de son combat ». Autrement dit, une grève d'une « plus grande intensité » est au registre. « Nous sommes disposés et en même temps mobilisés », martèlera encore le syndicaliste, comme pour signifier que de grands défis (grippe aviaire entre autres, lire encadré) attendent d'être relevés par le pays et son « bouclier » qu'est la corporation des 1400 praticiens du secteur public. « Nous implorons les hautes autorités du pays à s'impliquer dans notre juste combat pour faire éviter au docteur vétérinaire de sombrer dans la misère et mettre un terme à un salaire honteux de 14 000 DA net par mois », a conclu le SNVFAP.