On tient le bon bout, ça y est enfin ! La décharge de 30 ha de Oued Smar va fermer ses portes définitivement pour les rouvrir plus tard avec un nouveau visage : celui d'un parc. Nouvelle appellation, nouveau lifting, la capitale va renaître de ses cendres nauséabondes pour afficher enfin un sourire radieux. Adieu les mauvaises odeurs, la pollution atmosphérique, les insectes et les rats. Les avions vont pouvoir décoller et atterrir sans se soucier des bandes d'oiseaux qui sillonnent le ciel au-dessus de Oued Smar. Les asthmatiques n'auront plus à déserter vers les monts Chréa pour dégager les poumons, les agriculteurs n'auront plus à s'inquiéter des nappes souterraines qui débordent jusqu'au pied de leurs tomates. 30 ha de déchets ferreux et non ferreux, de branches d'arbres, de plastique, de papier sur une hauteur de 25 m. Eh oui, la décharge a pris presque 1 cm par an pour atteindre une hauteur équivalent à un immeuble de 7 étages. La première poubelle, la première chaussette trouée, a été jetée sur le site en 1978. Trente années plus tard, voilà la même chaussette trouée ensevelie sous des milliers de tonnes d'ordures. La décharge était connue pour présenter des maladies en tout genre. Un éboueur, présent sur les lieux, prétend que de nombreux travailleurs de NetCom ont présenté des cancers. « On ne voit jamais le médecin du travail. On vit parmi les ordures et parfois, quelqu'un est absent pour cause de maladie », explique ce père de 5 enfants qui vient de Sidi Aïssa. Quatre équipes se déploient de jour et de nuit sur les lieux. La journée de travail est de 12 heures. Mécanicien, soudeur, chauffeur... sont les spécialités des éboueurs de Oued Smar. « Il existe des endroits dans la décharge qu'il vaut mieux éviter. J'avais mis des bottes à sécher après avoir marché sur quelque chose de visqueux. J'ai retrouvé ma botte quelques heures plus tard complètement rongée », explique l'éboueur. Lixiviats, produits chimiques. C'est que les détritus entassés en colonnes depuis des décennies ont lâché du jus. Corrosif à souhait. Le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement , Chérif Rahmani, rappellera lors de la visite du site, hier, que la « situation de Oued Smar n'a pas cessé de faire face à de multiples problèmes : l'émission de gaz de méthane, d'odeurs de fumée brûlée, l'infiltration des lixiviats dans la terre souterraine ». Ainsi, Oued Smar transformé en 30 ans en « Lixiviats Smar » va retrouver son allure d'antan et devenir pour les 32 ha de décharge un jardin public. Au préalable, il faudra faire l'étude « de la levée topographique du site, la prospection géologique approfondie, des essais géotechniques des sols, des analyses des eaux de surface et souterraines, des analyses des lixiviats et des biogaz », soutient le ministre. Où iront les ordures en attendant ? Au centre d'enfouissement technique d'Ouled Fayet.