La décharge de Oued Smar, ouverte en 1978, est devenue, au fil des années, un monstre gluant, bien difficile à abattre. S'étendant sur plus de quarante hectares d'ordures putrides, cette montagne de débris atteint les 60 m, accumulant plus de 35 millions de tonnes déversées pendant plus de 30 ans. La réhabilitation de la décharge est l'un de ces vieux projets, sans cesse reportés. L'idée avait d'abord été avancée en 1987 puis un Conseil de gouvernement a promis, en septembre 1996, de contrôler les accès et d'adopter une politique d'exploitation plus efficiente. Bien que l'immense dépotoir était déjà saturé en 1997, il continuera de servir pendant plusieurs années, avalant tout ce que la ville d'Alger produisait de plus rebutant. L'annonce de sa fermeture définitive a enfin été proclamée en 2005. Les machines de l'entreprise turque Sistem Yapine se sont mises à déblayer le terrain qu'en juillet 2009. Entre temps, Oued Smar a été le témoin de la phénoménale éruption urbaine de la capitale : le volume des déchets est passé de 200 t/j en 1960 à plus de 1600 t/j en 1990. Les ordures déversées à Oued Smar sont aujourd'hui estimées entre 500 et 800 t par jour contre 2000 t dans ses « glorieuses années ». La décharge admet en moyenne 440 opérations de décharge par jour, dont 220 opérations pour les ordures ménagères contre 1100 au cours des dernières années. Pour les cadres de l'entreprise Netcom, l'immense décharge en est à ses dernières exhalaisons. « Le site devait absolument fermer, affirme M. Benzine, cadre dans l'entreprise de nettoyage. Il tient une place stratégique, non loin de l'aéroport. Toutes les délégations étrangères qui viennent en visite officielle à Alger ont eu à humer l'air de Oued Smar. » La wilaya d'Alger avait déplacé une partie des déchets vers le centre d'enfouissement technique de Ouled Fayet. Après avoir englouti plus de 1,2 million de tonnes d'immondices, la décharge de l'ouest d'Alger montre des signes de saturation. Dans l'attente de la finalisation des Centres d'enfouissement technique (CET) de Korso et de Réghaïa, les gestionnaires des décharges n'ont eu d'autre recours que d'exploiter, à nouveau, le dépotoir de Oued Smar. Ahmed Benalia, directeur de l'entreprise Netcom, souligne que la fumée, les gaz et les mauvaises odeurs qui émanent de la décharge sont un fait « naturel », notamment parce que cette décharge connaît actuellement une opération de traitement « approfondie et large » pour arriver à renforcer sa couche de terre inférieure. Il a également estimé que le rythme de cette opération est « bon », elle est nécessaire et importante en même temps ». Cette situation est « temporaire », car ces odeurs vont disparaître après l'achèvement de la réhabilitation de la décharge et sa transformation en un parc de loisirs ce qui représente un travail minutieux qui exige beaucoup d'efforts afin de réduire les déchets, affirme le responsable. La décharge est, aussi, une bombe. Les milliers de poubelles entassées les unes sur les autres pourraient laisser échapper, à n'importe quel moment, des gaz raréfiés qui, sans prise en charge efficace, pourraient entraîner un accident ou un désastre. Y a-t-il d'autres moyens de gestion des déchets ? La politique du recyclage n'est peut-être pas faite pour notre pays, semblent penser les gestionnaires en charge du dossier. « Il est nécessaire d'effectuer le recyclage en amont. Nous avons entamé, en ce sens, un programme de sensibilisation. Cela a duré trois ans. Nous avons installé treize bacs en plastique durant les années 2004, 2005 et 2006. Seuls 10% de nos installations sont restées intactes. Dans d'autres pays, c'est l'inverse, le taux de destructions est infime. » Pour prévenir d'autres désastres écologiques, il faudrait rien moins qu'un bouleversement des mentalités.