L'inspection du ministre de l'Energie et des Mines hier de la station de l'eau de mer d'El Hamma était rapide. En deux temps, trois mouvements, Chakib Khelil avait déjà fait le tour du chantier. L'intervention médiatique du ministre de l'Energie semble avoir d'autres visées : démentir l'information selon laquelle l'usine de Kahrama est à l'arrêt et de faire le point sur les programmes de dessalement de l'eau de mer. L'occasion également, pour lui, d'insinuer que l'augmentation des prix de l'eau serait, sur le moyen terme, inévitable. « Une étude a prouvé que le coût économique de l'eau est à 50 DA/m3. Il y a des approvisionnements qui peuvent aller jusqu'à 200 DA/m3. Le reste est subventionné par l'Etat. Pour ce qui est de l'eau dessalée, elle devra coûter 59,2 DA/ m3 », a souligné M. Khelil. Le ministre de l'Energie a rappelé que les premiers tests de la station de l'eau de mer d'El Hamma seront effectués en septembre 2007 et qu'elle sera opérationnelle en décembre 2007. Le programme national de dessalement de l'eau de mer devrait ainsi produire, selon les responsables du projet, au moins un million de mètres cubes d'ici à 2010 dont 200 000 m3/jour à El Hamma, 100 000 m3/jour à l'usine d'ADS et 200 000 m3/jour à l'usine de Ténès. Au total, pas moins de 13 usines de dessalement d'eau de mer devront être lancées prochainement. Le ministre de l'Energie et des mines et le PDG d'Algerian Energy Company (AEC) ont expliqué qu'il est exclu que la production de l'eau dessalée d'El Hamma soit inférieure à 200 000 m3. « La compagnie en charge du projet, en l'occurrence l'américaine HWD, a une obligation de production de 95%. Si elle descend en dessous de cette barre, elle risque de perdre son contrat. Les acheteurs de l'eau (Sonatrach et l'ADE) ne seront pas tenus d'acquérir l'eau dessalée. Même chose si cette eau ne répond pas aux normes établies par l'OMS. Ce sera un coup énorme pour cette entreprise, d'autant que l'unité de dessalement représente un investissement de 250 millions de dollars », explique M. Sari, directeur général d'AEC. Le ministre de l'Energie a, par ailleurs, vanté la qualité de l'eau dessalée. « Après le dessalement, des minéraux sont ajoutés à cette eau selon une composition bien définie. Nous pouvons même produire du Vittel ou de l'Evian », soutient M. Khelil. Les responsables du projet soulignent que l'usine sera dotée d'un laboratoire de contrôle de l'eau. Des prélèvements devront être effectués toutes les 3 heures. Le recours au partenaire étranger dans cette démarche était, d'après lui, indispensable. « L'Algérie n'a aucune expérience dans le dessalement de l'eau de mer. Nous avions besoin du management et de la technologie. Les entreprises étrangères ont, en outre, apporté le capital », plaide-t-il. Au chapitre de l'usine Kahrama d'Arzew, le ministre de l'Energie et le directeur d'AEC ont fermement démenti les informations faisant état de l'arrêt de la station. « L'usine tourne à plein régime. Elle a enregistré récemment un pic de 384 MW (la norme est 330 MW). A Oran, l'eau du robinet vient de Kahrama », tranche-t-il.