«Ider yes» (il a retrouvé la vie grâce à elle) aurait crié le père, par la suite et par un glissement phonétique, on appela cette plante aderyis. En partenariat avec l'APC de Tifra et avec l'appui de quelques sponsors, l'association culturelle Ithri Ibouraine dans la commune de Tifra, a organisé à la mi-mars la première édition de la fête du printemps. Abritée vendredi par le CEM Bektache Madani et samedi par le village Ibouraïne, cette célébration collective a donné à cette fête du printemps, naguère, se ramenant au seul cadre familial, un goût et un cachet particulier. Bénédiction, fraternité, tradition, identité…diverses épithètes ont été avancées par les convives pour qualifier cette cérémonie qui a drainé une foule nombreuse. On ne tarissait pas d'éloges sur l'association organisatrice qui a déjà à son tableau d'activités, une fête estivale dont la troisième édition est prévue pour cet été. Rentrant dans le cadre de l'opération de réhabilitation des fêtes traditionnelles kabyles, ambitionnée par l'association depuis sa création, cette manifestation a été une halte bénéfique pour la collectivité. Le temps d'un week-end, de nombreux enfants de la commune et des régions environnantes se sont retrouvées pour partager des moments de convivialité et participer à la perpétuation des saines traditions ancestrales. A coté du traditionnel déjeuner de partage Seksou Ouderyis, un couscous cuit à la décoction des racines du faux fenouil et d'autres plantes, offert aux invités, une riche exposition de produits de l'artisanat local et une conférence sous le thème «Aderyis : mythe et réalité d'une société», ont été au menu des activités. La conférence animée conjointement par Laïd Makhlouf, Khellaf Oudjedi et Karim Cheikh, a été, selon l'un des assistants, d'un grand secours pour la compréhension du sens de cette fête qui remonte loin dans le temps. «L'origine de Seksou Uderyis, qu'on préparait déjà au temps de Chachnaq, aurait comme commencement un enfant menacé par une grave maladie. Son père qui voulait le sauver à tout prix lui donnait différentes plantes comme remède. Dans sa quête d'une plante miracle, il serait tombé par hasard sur la Thapsia garganica. Après en avoir mangé, son fils aurait rapidement recouvert la santé. «Ider yes» (il a retrouvé la vie grâce à elle) aurait crié le père, par la suite et par un glissement phonétique, on appela cette plante aderyis» relate l'un des conférenciers. Après l'exposé de ce conte étiologique, les conférenciers se sont appesantis sur les vertus thérapeutiques de cette plante considérée comme un vaccin et ses différentes recettes de préparation. Fortement appréciée par les citoyens présents, cette conférence, qui a apporté un éclairage nouveau sur le sens de cette célébration, a fait réagir certains invités. «Je suis foncièrement content de l'initiative de cette jeune association. Aujourd'hui, je comprends mieux ce rituel printanier. En tout cas, devant la perte des repères identitaires, ce genre de manifestations sont à encourager» nous dit l'un d'eux. «Nous avons réussi notre pari et nous remercions tous ceux qui nous ont prêté main forte. Cette fête fait honneur à nos traditions, nous ferons tout pour la perpétuer et l'améliorer» nous dit de son coté, le président de l'association, Mourad Touak, satisfait par le bon déroulement de la cérémonie et de son impact régional.