Aussi loin que remonte le souvenir, la population de la daïra de Sidi-Aïch a toujours célébré le premier jour du printemps par un repas de partage appelé Seksou ouderyis. Ce rituel se situant le plus souvent la première semaine du mois de mars est observé encore de nos jours pratiquement dans toute la région. En général, le jour ou la veille de cette célébration, les hommes partent aux champs pour cueillir les racines d'une plante appelée en kabyle Aderyis (thapsia garganica ou faux fenouil, en français). Ils font provision de feuilles de certains arbres et arbustes auxquels on attribue une quelconque vertu curative à l'exemple du caroubier, du myrte, du lentisque, de la lavande…etc. Sept espèces, précise-t-on, qui serviront, en plus d'aderyis, la principale plante, à la préparation de ce repas n'umenzu n'arbiê (le premier du printemps). Vu la rareté du faux fenouil, les paysans font parfois plusieurs kilomètres pour le cueillir. Mais rien ne les décourage vu l'importance qu'ils accordent à ce repas considéré comme une institution « sacrée ». Certains, acculés par le temps, ou par fainéantise s'approvisionnent au marché de Sidi-Aïch où quelques marchands ambulants proposent en contrepartie de 30 à 50 dinars, quelques racines de cette plante et les herbes qui l'accompagnent. Le repas en question est un couscous cuit à la vapeur de la décoction de toutes ces plantes dans laquelle cuisent des œufs. Préparé avec de la pomme de terre, des carottes, des pois chiches et d'autres légumes, ce repas se sert généralement saupoudré de sucre. Pris, il y a quelques années à 4 ou 5 heures du matin, ce repas se mange actuellement par la plupart des familles le soir. Aussi bien à Sidi-Aïch que dans la région d'Adekar, à chaque début de printemps, on s'empresse de préparer ce « repas miracle » qu'on dit purificateur et l'on répète à l'envi : « Tafsut ! Tafsut ! anedjoudjeg am Tafsut » (Printemps ! printemps ! nous nous épanouirons comme le printemps).
