L'augmentation du prix du carburant à la pompe en Europe et aux Etats-Unis a relancé l'hypothèse d'une utilisation des réserves pétrolières stratégiques par les pays de l'OCDE, dont les intérêts sont défendus par l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Après les Etats-Unis où le prix de l'essence est devenu un enjeu électoral pour la présidentielle de novembre prochain, le week-end passé a vu le ministre français de l'Industrie, Eric Besson, évoquer la possibilité d'une utilisation des réserves stratégiques pour agir sur les prix du pétrole à la baisse. La campagne pour la présidentielle de mai prochain en France ne serait pas étrangère à cette déclaration, faite sous forme de communiqué. On se souvient que le porte-parole de la Maison-Blanche avait, à la mi-mars, démenti des informations selon lesquelles le Premier ministre britannique, David Cameron, qui était en visite aux Etats-Unis, aurait accepté de coopérer avec le président Barack Obama pour puiser dans les réserves pétrolières stratégiques afin de faire baisser les prix du pétrole. La déclaration du ministre français, qui a indiqué une semaine plus tard que la France examinait avec ses partenaires «toutes les options possibles pour lutter contre la hausse des prix du pétrole» et que «puiser dans les réserves stratégiques des pays industrialisés est l'une de ces options», n'est pas fortuite. Le conflit entre l'Occident et l'Iran sur le nucléaire et les sanctions prises contre ce dernier, dont l'embargo pétrolier par l'Europe pour l'amener à arrêter son programme, ont déjà une grande influence sur les prix. Pour se défendre contre les républicains qui l'ont accusé de développer une politique de blocage pour les projets énergétiques, le président Obama a estimé que ce qui fait augmenter les prix de l'essence à la pompe ce sont «les cours mondiaux du pétrole et l'incertitude vis-à-vis de ce qui se produit en Iran et au Moyen-Orient et que cela ajoute 20 ou 30 dollars aux cours du pétrole». En réalité, les analystes du marché pétrolier ont évalué entre 10 et 15 dollars la prime de risque sur l'Iran. La situation sera encore plus tendue à partir du mois de juillet, si les prévisions de l'AIE se vérifient et que les exportations de pétrole iranien baissent d'un million de barils par jour. Or, malgré les assurances données par l'Arabie Saoudite pour remplacer le pétrole qui viendrait à manquer, l'inquiétude reste entière vu que la production saoudienne est déjà à un niveau élevé. Si la prochaine réunion de l'OPEP, programmée pour le mois de juin, doit permettre d'avoir une meilleure visibilité, les prix du pétrole et, par extension, ceux de l'essence sont déjà un enjeu électoral aussi bien en France qu'aux Etats-Unis.