Les prix du pétrole ont fini la semaine en hausse en Asie, en raison de bons chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis et des tensions persistantes au Moyen-Orient. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait 33 cents à 105,68 USD dans les échanges électroniques du matin. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai prenait 12 cents à 123,26 USD. Ken Hasegawa, de la maison de courtage Newedge à Tokyo, a expliqué la hausse des cours par "l'optimisme économique aux Etats-Unis et les inquiétudes sur l'offre" de pétrole en raison des tensions avec l'Iran. Le département du Travail a indiqué la veille que les nouvelles inscriptions au chômage poursuivaient leur baisse aux Etats-Unis, où elles sont tombées à leur niveau le plus bas depuis plus de quatre ans. Les chiffres du chômage aux Etats-Unis sont très suivis par le marché du pétrole car ils sont un indicateur clé sur l'état de santé économique du plus gros consommateur mondial d'or noir. Les prix du brut restent par ailleurs soutenus par l'affrontement entre les pays occidentaux et l'Iran. Téhéran, accusé par les Occidentaux de vouloir se doter de l'arme atomique et soumis à des sanctions, menace de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transite 35% du pétrole transporté par voie maritime dans le monde. Ce détroit stratégique relie le Golfe bordé de riches Etats pétroliers comme l'Arabie saoudite et le Koweït, à la mer d'Oman. Le pétrole progresse nettement en Europe Les prix du pétrole progressaient nettement, toujours soutenu par les tensions persistantes entre les pays occidentaux et Téhéran, alors que le spectre d'une forte baisse des exportations iranienne de brut hantent de plus en plus les opérateurs. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, s'échangeait à 124,85 dollars, en hausse de 1,71 dollar par rapport à la clôture de la veille. En début d'échanges, les prix du baril ont brusquement bondi, jusqu'à 127,06 dollars à Londres (+3,92 dollars), des sommets depuis trois semaines, avant de limiter leurs gains dans les minutes suivantes. Le marché reste extrêmement nerveux, et il a réagi à des informations de presse faisant état d'une forte baisse des exportations iraniennes de brut en mars, expliquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Les investisseurs redoutent que, sous la pression des sanctions internationales contre Téhéran, les hoquets de la production iranienne d'or noir ne viennent exacerber les tensions sur l'offre pétrolière en provenance du Moyen-Orient. Dans ce contexte, n'importe quel gros titre de média évoquant des perturbations sur l'offre fait sursauter le marché, soulignait M. Kryuchenkov. Cependant, le fait que les exportations de l'Iran diminuent fortement n'a rien de nouveau, c'est un effet attendu du processus des sanctions internationales et en partie de l'embargo pétrolier décidé en janvier par l'Union européenne (UE), qui doit être mis en place intégralement d'ici à juillet, commentait Amrita Sen, analyste de Barclays Capital. Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui représente les pays industrialisés, les exportations de pétrole iranien pourraient être réduites d'au moins un tiers à partir de mi-2012, avec une chute comprise entre 0,8 et 1 million de barils par jour (mb/j). Les vives fluctuations des prix reflètent la fébrilité du marché, qui est inquiet de la baisse des capacités excédentaires de production dans le monde, alors que les principaux pays exportateurs comme l'Arabie saoudite, gonflent leur offre pour compenser le manque de brut iranien, ajoutait Mme Sen. Par ailleurs, des propos de l'AIE, contribuaient également à revigorer les prix du pétrole. Puisqu'il n'y a actuellement aucune perturbation spécifique de l'offre de pétrole, nous ne prévoyons aucune action coordonnée pour le moment, a souligné la directrice exécutive de l'AIE Maria van Hoeven, selon une déclaration rapportée par l'agence Dow Jones Newswires. La veille, des commentaires du ministre français de l'Energie Eric Besson, selon qui la France réfléchissait à la possibilité de recourir aux réserves stratégiques pour mieux approvisionner les marchés pétroliers, avaient alimenté la pression sur les prix du baril. Le pétrole finit en hausse à New York Les cours du pétrole ont terminé la semaine à la hausse à New York, les tensions géopolitiques autour du dossier iranien continuant à porter les cours. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a gagné 1,52 dollar par rapport à la clôture de la veille, finissant à 106,87 sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). En début d'échanges américains, les prix du baril ont brusquement bondi, jusqu'à 108,25 dollars à New-York (+2,90 dollars), des sommets depuis trois semaines, avant de limiter leurs gains dans les minutes suivantes. Il y a un regain d'intérêt chez les investisseurs, a observé Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric), soutenu par les commentaires de l'AIE, institution représentant les pays industrialisés. Selon cette agence internationale, il ne serait pas forcément nécessaire de recourir aux réserves stratégiques de ses Etats membres du fait du soutien de l'Arabie Saoudite, qui s'est dit prête à faire face à la demande mondiale, a précisé l'analyste. L'Arabie saoudite, premier exportateur de brut mondial, a réitéré récemment son engagement de prévenir toute perturbation de l'offre mondiale en pétrole, à la suite des sanctions internationales contre Téhéran, et en particulier de l'embargo pétrolier décidé en janvier par l'Union européenne (UE), qui devrait être complètement mis en place en juillet. Reste que le marché persistait à penser que l'utilisation des réserves stratégiques pourraient s'avérer nécessaire à plus long terme. On s'attend à un gros déclin de l'offre cet été, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, alors que l'AIE prévoit que les exportations de pétrole iranien soient réduites d'au moins un tiers à partir de mi-2012. Dans ce contexte, le marché s'attend à ce que plusieurs gouvernements commencent à constituer d'importantes réserves en vue de perturbations majeures de l'approvisionnement en or noir, a dit l'analyste. Ce n'est pas un secret que la Chine est en train de se faire des réserves stratégiques comme le font les Etats-Unis, a-t-il noté. Près d'une semaine après la circulation de rumeurs selon lesquelles les Etats-Unis et le Royaume Uni envisageraient de recourir à leurs réserves stratégiques, le ministre français de l'Energie Eric Besson avait déclaré jeudi que la libération d'une partie des stocks stratégiques de la France constituait une option, ce qui avait alimenté la pression sur les prix du baril. De son côté, le président des Etats-Unis Barack Obama a estimé que les tensions actuelles au Moyen-Orient, notamment le dossier nucléaire iranien, avaient pour conséquence de gonfler les cours du baril de pétrole de 20 à 30 dollars. A l'heure actuelle, ce qui fait augmenter les prix de l'essence à la pompe, ce sont les cours mondiaux du pétrole, et l'incertitude vis-à-vis de ce qui se produit en Iran et au Moyen-Orient, et cela rajoute 20 ou 30 dollars aux cours du pétrole, a affirmé M. Obama dans une interview publiée vendredi. Ce qui provoque aussi cette hausse, c'est quelque chose que nous ne parviendrons pas à réduire, la demande accrue dans des pays comme la Chine et l'Inde, a remarqué M. Obama. Certains sur le marché appelaient toutefois à la prudence. Nous sommes sceptiques quant à la possibilité que la croissance américaine s'accélère, ont écrit les analystes de Morgan Stanley, soulignant que l'incertitude reste grande à propos de la Chine, où les signes de ralentissement se multiplient. Egalement, font-ils valoir dans une note appelant à éviter de trop parier sur une hausse continue des cours, la crise en Europe est loin d'être finie.