Les prix du pétrole s'affichaient en baisse, avant-hier, en Asie, le marché réagissant aux propos du ministre français de l'Energie laissant entendre que les pays consommateurs pourraient puiser dans leurs réserves stratégiques pour contenir la flambée des cours du brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai abandonnait 20 cents à 107,07 USD dans les échanges électroniques du matin. Le Brent de la mer du Nord pour livraison en mai cédait 9 cents à 124,11 USD. Le ministre de l'Industrie Eric Besson a affirmé la veille que la France examinait avec ses partenaires "toutes les options possibles pour lutter contre la hausse des prix du pétrole". "Puiser dans les réserves stratégiques des pays industrialisés est l'une de ces options", a-t-il précisé dans un communiqué cité par l'agence Dow Jones. Pour Justin Harper, analyste chez IG Markets à Singapour, cette annonce "a résolument un effet baissier sur les cours" de l'or noir. "Il est significatif que, outre les Etats-Unis, une grande puissance comme la France évoque un recours aux réserves d'urgence", a-t-il dit. Les pays producteurs et consommateurs s'alarment de la flambée des cours du brut et de ses conséquences pour l'économie mondiale, sous l'effet des tensions entre Occidentaux et Iraniens notamment. Mardi, le prix du brut avait plongé à New York à la suite de ce qui apparaît comme des initiatives convergentes pour contenir la flambée des cours. L'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, s'est engagée à "assurer une offre adéquate de pétrole" et à "ramener les prix à des niveaux raisonnables" pour les producteurs et les consommateurs. Autrement dit à approvisionner le marché pour compenser tout hoquet du robinet iranien. Les experts sont cependant divisés sur l'efficacité d'un recours aux réserves stratégiques. En juin 2011, l'Agence internationale de l'Energie (AIE), qui regroupe les pays industrialisés, avait décidé de puiser dans les réserves stratégiques de ses Etats-membres pour répondre à l'absence du brut libyen, mais les prix du baril, après une baisse de 10 dollars en trois jours après l'annonce de cette décision, étaient remontés à leur niveau initial deux semaines plus tard. Le brut creuse ses pertes en Europe dans un marché sur la défensive Les prix du pétrole accentuaient leur recul, avant-hier, en fin d'échanges européens, dans un marché assombri par une contraction de l'activité manufacturière en Chine, et les interrogations sur un possible recours de l'Europe et des Etats-Unis à leurs réserves stratégiques. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, s'échangeait à 122,62 dollars, en baisse de 1,58 dollar par rapport à la clôture de la veille. "Un indicateur chinois plutôt décevant a accentué la pression sur le marché, en renforçant les inquiétudes sur la demande de pétrole" du pays, deuxième consommateur de brut dans le monde, observait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden. L'activité manufacturière en Chine s'est contractée plus fortement qu'attendu en mars, chutant à un plus bas niveau en quatre mois, selon un indice provisoire publié, avant-hier, par la banque HSBC qui confirme un ralentissement de la croissance dans la deuxième économie mondiale. De plus, un regain de force du dollar, avant-hier, "a accru la pression sur les prix du pétrole", ajoutait Mme Sokou. Un renforcement du billet vert rend moins attractifs les achats de brut libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. Par ailleurs, le marché continuait de digérer les engagements répétés de l'Arabie saoudite, premier exportateur de brut, à prévenir toute perturbation de l'offre mondiale d'or noir due aux sanctions internationales contre l'Iran. Le ministre saoudien du Pétrole a même indiqué deux jours auparavant que son pays était prêt à gonfler sa production de 25% en cas de nécessité. "Les craintes d'un rétrécissement de l'offre pétrolière semblent s'atténuer après les récentes déclarations de l'Arabie saoudite. Autre facteur encourageant, la France semble désormais prête à envisager un recours à ses réserves stratégiques de brut" pour enrayer la flambée des prix, soulignaient les experts de Commerzbank. Le pétrole termine en net recul à New York Les prix du pétrole ont terminé en net recul à New York, le marché s'inquiétant pour la croissance en Chine et en Europe, amorçant ainsi, selon certains analystes, un mouvement de correction après leur récente flambée. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mai a cédé 1,92 dollar par rapport à la clôture de la veille, à 105,35 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Les chiffres en provenance de Chine ont tout de suite pesé sur le marché, a commenté Rich Ilczyszyn, courtier chez iiTrader.com, alimentant des craintes pour la solidité de la demande énergétique au sein du deuxième pays consommateur de brut. Les chiffres semblent montrer un certain ralentissement de l'économie et cela n'est pas positif du tout pour les cours du brut qui sont sur la défensive, a fait valoir Tom Bentz, de BNP Paribas. Je pense que l'on s'est approché du haut du marché depuis la récente flambée des cours du brut, a estimé de son côté M. Ilczyszyn, et que nous assistons à une sorte de mouvement de correction, a-t-il ajouté. Il y a beaucoup d'agitation politique actuellement dans le monde pour faire baisser les prix du pétrole, même si nous n'avons rien entendu de nouveau de la part d'Israël et de l'Iran au cours des deux dernières semaines, a remarqué le courtier de iiTrader.com. Comme l'ont noté les experts de Commerzbank, la France semble désormais prête à envisager un recours à ses réserves stratégiques de brut pour enrayer la flambée des prix. En outre, Barack Obama a assuré, avant-hier, depuis Cushing en Oklahoma (sud), ne pas être opposé à l'exploration pétrolière ni aux oléoducs, soulignant par ailleurs que de nouveaux forages aux Etats-Unis ne feraient pas à eux seuls baisser les prix de l'essence. Cushing, principal terminal pétrolier aux Etats-Unis, constitue le point de départ de la portion sud de l'oléoduc géant controversé Keystone XL construit par le groupe canadien TransCanada, censé relier à terme les gisements du Canada aux raffineries situées au Texas (sud), au bord du golfe du Mexique. Les efforts politiques ne sont pas vains, pour M. Ilczyszyn, qui leur reconnaît un certain effet psychologique, au moins à court terme.