La chambre de la pêche et d'aquaculture a tenu sa deuxième assemblée générale sans que le quorum ne soit atteint. Même son président sortant était absent. Son directeur ne l'est que par intérim. Il s'agit du directeur de wilaya de la pêche qui tente de colmater les brèches, les deux précédents et successifs directeurs de la chambre ayant été remerciés en catimini pour étouffer dans les deux cas un scandale.Les bilans moraux et financiers, peu reluisants, ont été approuvés par l'AG afin de passer à autre chose. Une commission de candidature va se mettre à pied d'œuvre pour préparer l'élection d'un nouveau bureau dont la date n'a pas été arrêtée. Le défi va être de mobiliser les professionnels autour de leur institution, ce qui ne semble pas certain au regard de l'état des lieux du secteur du secteur de la pêche. À cet égard, les ports de pêche et leurs halles à marée étant l'alpha et l'oméga de toute l'activité pêche à l'amont et à l'aval, le ministère de la Pêche n'apparaît pas comme étant l'interlocuteur le plus indiqué puisque la tutelle de ces structures lui échappe. Du coup, la chambre de pêche qui dépend de lui perd tout intérêt. Lors des débats, l'accent a précisément été mis sur le fait que la gestion des ports de pêche (Témouchent et Bouzedjar) relève de structures (EGPP) sous l'égide d'autres ministères: «Or, les EGPP, de par leur nature, ne réfléchissent qu'en termes de rentabilité et de profits à engranger. Leur gestion est commerciale comme pour un port commercial, ce qui est un non-sens. Le hiatus est là! L'administration des ports de pêche n'est pas pensée de façon à constituer un soutien pour le développement du secteur», explique un intervenant qui invite à la mobilisation en vue d'obtenir le changement de cette donne. «N'avons-nous pas obtenu, par notre mobilisation, l'arrêt de la catastrophique généralisation de l'usage des caisses en plastique?» Par ailleurs, il indique que la situation actuelle est propice au changement puisqu'une partie essentielle des ports, les halles à marée, va devenir du contrôle direct des professionnels. En effet, ces halles vont être gérées par une SPA nationale. Celle-ci sera constituée au départ sur la base de 203 parts, soit 12 pour chacune des chambres de pêche des wilayas côtières et 5 pour les chambres de l'intérieur du pays, spécialisées dans l'aquaculture seulement. Les actions ne seront vendues qu'aux professionnels à raison d'une par acquéreur. Chaque action est d'un montant de 50 000 DA. Une opération pilote va concerner les halles à marée des ports d'El Taref, Jijel et Annaba avant généralisation. À Témouchent, l'opération ne concernera, dans un premier temps, que Bouzedjar dont le devenir de la halle à marée est encore du ressort des pouvoirs publics. À Béni-Saf, la situation est beaucoup plus compliquée d'autant que la profession a été infiltrée par des «intrus» qui ne pensent qu'en termes de profits immédiats et qu'elle est minée par des dissensions énormes: «Nous, à Bouzedjar, c'est différent. L'agglomération reste un village d'une part et, d'autre part, une localité qui ne vit que de la pêche au point où la nourriture est essentiellement à base de poisson. Nous, nous disons de nous-mêmes que ce qui nous différencie des mouettes, c'est que nous nous buvons de la limonade», conclut Tarek Godmane.