C'était un sachet noir contenant les restes d'un nouveau-né de sexe masculin en décomposition que les policiers de la sûreté de daïra d'El Hadjar (Annaba) avaient découvert en janvier dernier. Ils avaient été alertés quelques minutes auparavant par les habitants des 502 Logements à El Hadjar. Décomposé, amputé des membres inférieurs et supérieurs et étripé, le corps du nouveau-né avait été déclaré mort par strangulation préalablement à son dépeçage. L'acte était d'une telle atrocité que seul un malade mental pouvait en être l'auteur et surtout pas la génitrice. C'est pourquoi l'enquête s'annonçait très difficile. Tout autant que celle lancée, il y a 2 années, dans cette même commune avec la découverte par les policiers d'un nouveau-né de sexe féminin avec des amputations similaires. Durant plusieurs jours, les Hadjaris avaient parlé de la présence d'un « ghoul » dans l'enceinte de leur ville. La psychose avait gagné les demeures où l'on se posait beaucoup de questions. Ces deux découvertes hantaient l'esprit des policiers et de leur chef de la sûreté de daïra. L'enquête piétinait en l'absence de tout indice ou renseignement pouvant entraîner les enquêteurs sur une piste. Un banal vol dans un magasin a servi de fil d'Ariane. Alors qu'il assistait à l'interrogatoire de la femme auteur du délit, le 1er responsable des policiers d'El Hadjar avait été intrigué par son comportement. Calme presque effacée, habillée d'une façon discrète voire austère, la jeune femme âgée de 38 ans semblait avoir une double personnalité. Elle vivait chez ses parents à la cité des 502 Logts, divorcée et sans enfant. Sans emploi, elle ne paraissait pas souffrir d'une quelconque privation y compris en effets vestimentaires. Rien ne justifiait le vol qu'elle a commis. Par la suite, l'acte avait été interprété par la population comme une sentence divine pour mettre un terme aux activités néfastes de cette ogresse. Elle n'avait pas pu résister à l'interrogatoire poussé auquel elle a été soumise. La perspicacité et l'approche psychologique appliquées par l'officier lui permirent de déceler les caractéristiques d'une prostituée. Ce qui lui imposa d'ordonner une expertise médicale. Le légiste constatera un accouchement récent. A partir de là, les choses allaient s'accélérer. L'enquête de voisinage diligentée parallèlement avait fait ressortir que Y. Z. louait ses charmes et son corps. Beaucoup avaient parlé de va-et-vient incessants chez elle. L'on avait précisé qu'il s'agissait de vielles femmes et d'hommes d'un âge avancé. « Qu'as tu fait de ton nouveau-né ? » Une question que l'officier ne cessa pas de poser durant plusieurs jours avant que la mère ogresse ne flanche et passe aux aveux « Je suis l'auteur des deux infanticides sur les deux nouveau-nés que j'ai jetés dans un dépotoir. Je les ai amputés des membres inférieurs et supérieurs ainsi que de leurs viscères pour en faire des produits que je commercialise auprès des personnes spécialisées dans la sorcellerie ». Tout aussi calmement et toujours sans aucun état d'âme, elle a ajouté : « Lorsque le premier stock est arrivé à épuisement, j'ai décidé de procréer une seconde fois. J'ai accouché toute seule et sans l'assistance de personne. Comme je l'avais fait la première fois, j'ai aussitôt étranglé le nouveau-né que j'ai découpé en menus morceaux avant de jeter son thorax emballé dans un sachet noir. » Plusieurs policiers présents ne purent retenir leur écœurement face à des aveux où l'horreur était poussée à son extrême. Machinalement, sans aucun remord sur les traits de son visage émacié, l'ogresse continuait à retracer chacun de ses gestes, ses deux accouchements, sa méthode d'étranglement et la découpe en petits morceaux des nouveau-nés.