Le président sortant souhaite accentuer la pression médiatique jusqu'au 22 avril, date du scrutin, et profiter dans les urnes des retombées de l'émotion. Lyon (France). De notre correspondant A chaque jour son récit et Sarkozy pour le raconter. Hier, le président-candidat a ajouté une nouvelle corde à son arc électoral : la chasse aux islamistes radicaux. Le candidat Sarkozy veut capitaliser à son compte électoral l'effet de la tuerie de Toulouse. L'opinion publique n'est pas mûre pour mettre la sécurité au premier plan des préoccupations, mais le président sortant souhaite accentuer la pression médiatique jusqu'au 22 avril, date du scrutin, et profiter dans les urnes des retombées de l'émotion. Ce n'est donc pas un hasard s'il a commandé et commenté, lui-même, l'opération menée hier matin très tôt dans plusieurs villes, dont Toulouse et Nantes. La police a saisi des armes et interpellé 19 personnes dans les milieux islamistes radicaux. Parmi les interpellés figure Mohamed Achamlane, leader de Forsane Al Izza (les cavaliers de la fierté), un groupe salafiste radical dissous en février par le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui l'accusait de préparer la lutte armée. Voulant capter, le jour du vote, les voix du Front national et les réactionnaires qui sommeillent, Sarkozy n'aura réussi qu'à susciter l'ironie, à commencer par l'extrême droite qui fustige un candidat qui «se réveille à trois semaines du scrutin pour son illusoire réélection (…) Les réseaux islamistes radicaux ne se sont pas montés en un jour», selon les propos d'un responsable du Front national. «Repousser cette idéologie de la haine» Pourtant, clairement, Forsane Al Izza n'est pas inconnu de la police. Il s'était notamment manifesté en protestant dans la rue contre la loi sur la burka, particulièrement devant le tribunal de Meaux où des femmes voilées comparaissaient. Le mouvement avait aussi soutenu le Nantais Lies Hebbadj, dont l'une des épouses, verbalisée pour conduite avec le voile intégral, avait été poursuivie en justice. Sur Europe 1, Nicolas Sarkozy a expliqué que ce coup de filet et était «en lien avec une forme d'islamisme radical», annonçant que ce type d'opérations «va continuer». Des armes ont été saisies, notamment des kalachnikovs. Ce fut le cas au domicile d'Achamlane, où les enquêteurs ont retrouvé trois de ces fusils automatiques ainsi qu'un pistolet Glock et une grenade, a précisé une source policière. Pour le président du Conseil français du culte musulman, Mohamed Moussaoui, reçu hier par le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, sur le thème de l'islamisme radical, «il faut agir très vite pour repousser cette idéologie de haine». Avec Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui l'accompagnait, ils ont souhaité «trouver une nouvelle formation de religieux, c'est-à-dire des imams qui prêchent et des aumôniers, notamment en prison, qui ont à jouer un rôle très important dans la prévention de certaines dérives» qui menacent les musulmans eux-mêmes. Un nouveau 11 septembre ? Par ailleurs, Nicolas Sarkozy a estimé, hier matin, que le traumatisme des tueries de Montauban et Toulouse «a été profond dans notre pays, un peu comme le traumatisme qui a suivi aux Etats-Unis et à New York l'affaire de septembre 2001, le 11 septembre», tout en affirmant ne pas vouloir «comparer les horreurs». Réagissant à cette exagération très calculée, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a jugé ces propos «totalement disproportionnés». «C'est une volonté de jouer sur la peur qui n'est pas acceptable». Il a déclaré s'attendre «à ce que tous les jours, maintenant, on arrête ici et là des poignées d'illuminés qu'on ira mettre en prison pour les relâcher au bout de quatre ou cinq jours parce qu'il n'y aura aucune charge contre eux (…). Maintenant, si l'on disloque des embryons de cellules violentes, je m'en réjouis de tout cœur».