Le contre-espionnage a arrêté vendredi une vingtaine d'islamistes présumés en France, notamment à Toulouse théâtre du carnage perpétré par le jihadiste Mohamed Merah, alors que le président Nicolas Sarkozy a fait de la lutte contre l'islam radical un de ses axes de campagne. Le président sortant a par ailleurs estimé que la France était traumatisée par les tueries de Toulouse (sud-ouest), «un peu » comme les Etats-Unis après le 11-Septembre. Le coup de filet «n'est pas lié simplement à Toulouse, c'est sur tout le territoire, c'est en lien avec une forme d'islamisme radical et c'est en plein accord avec la justice », a déclaré Nicolas Sarkozy. Dix-neuf personnes au total ont été interpellées. Selon une source judiciaire, dix-sept personnes ont été placées en garde à vue. «Il y a aura d'ailleurs d'autres opérations qui continueront et qui nous permettront également d'expulser du territoire national un certain nombre de gens qui n'ont, au fond, rien à y faire », a ajouté le président. Des armes ont été saisies, notamment cinq fusils, des armes de poing, des tasers. Cette vaste opération était menée par les enquêteurs du contre-espionnage et pour certaines cibles avec l'appui de l'unité d'intervention d'élite de la police nationale, le Raid. Elle s'est déroulée à Toulouse, Nantes, Lyon, en Provence et en région parisienne. Parmi les personnes interpellées, figure le leader d'un groupe radical dissous Forsane Alizza, Mohammed Achamlane. Plusieurs armes ont été saisies lors de son interpellation dans l'agglomération de Nantes (ouest), selon une source policière qui a énuméré «trois kalachnikovs, un pistolet Glock et une grenade ». Le groupuscule Forsane Alizza avait été dissous en janvier par le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, qui l'avait accusé de vouloir former ses sympathisants à la lutte armée. Ce «groupe armé porte atteinte aux principes républicains » et «veut le règne de l'islam » en France, avait-il expliqué. Son leader Mohammed Achamlane avait démenti toute dimension violente de son mouvement. Selon un haut responsable policier, «une centaine » d'islamistes radicaux sont dans le collimateur des autorités. Interrogé par la radio française Europe 1, Nicolas Sarkozy est revenu sur le carnage perpétré par le jeune jihadiste français Mohamed Merah. « Le traumatisme de Montauban et de Toulouse a été profond dans notre pays, un peu, je ne veux pas comparer les horreurs, un peu comme le traumatisme qui a suivi aux Etats-Unis et à New York l'affaire de septembre 2001, le 11-Septembre », a-t-il dit. Nicolas Sarkozy intervenait vendredi matin dans une émission de campagne électorale. Il est candidat à sa propre succession lors du scrutin des 22 avril et 6 mai, et la séquence liée aux tueries de Toulouse et Montauban lui a donné l'occasion de cultiver sa stature présidentielle, selon les politologues. Après la mort de Merah le 22 mars, le président français avait demandé à la police de procéder à l' «évaluation » de la dangerosité des personnes connues pour entretenir des sympathies avec l'islam radical. Il avait également demandé de prendre des mesures pour sanctionner pénalement les personnes consultant les sites extrémistes et les personnes se rendant dans des pays refuge du jihadisme international comme l'Afghanistan et le Pakistan. Et jeudi, le gouvernement a interdit la venue pour un congrès islamique en banlieue parisienne de quatre prédicateurs musulmans. Merah, 23 ans, avait été tué le 22 mars au terme de 32 heures de siège par la police de l'appartement où il s'était retranché. Lors de trois tueries commises les 11, 15 et 19 mars, il avait abattu impitoyablement trois parachutistes, trois élèves et un professeur d'une école juive, des crimes qu'il avait expliqué avoir commis au nom d'Al-Qaïda. Il a été inhumé jeudi dans le cimetière de Cornebarrieu, en banlieue toulousaine, en présence d'une trentaine de jeunes de son quartier et en l'absence de membres de sa famille.