-Egypte : en se lançant dans la course à la présidence égyptienne, les Frères musulmans, déjà forts du contrôle du Parlement, affichent une ambition de contrôle total du pouvoir en Egypte, mais ce pari pourrait se révéler difficile, estiment des experts. Le mouvement islamiste a annoncé samedi soir la candidature de son «numéro deux», Khairat Al Chater, riche homme d'affaires considéré comme le premier financier de la confrérie et son éminence grise politique. L'annonce bouleverse la donne politique à moins de deux mois du premier scrutin présidentiel depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, dont le premier tour est prévu les 23 et 24 mai. «Les Frères musulmans essaient d'avoir tous les outils du pouvoir dans le pays, il n'est donc pas étonnant qu'ils aient un candidat», affirme à la presse Moustafa Kamel Sayed, professeur de sciences politiques à l'université du Caire. «Puisqu'ils ont gagné les législatives, on peut penser (...) qu'ils ont de bonnes chances de se retrouver au second tour» de la présidentielle, ajoute-t-il. Mais pour le politologue et éditorialiste Hassan Nafea, la bataille s'annonce rude pour les Frères musulmans, dont la volonté hégémonique de plus en plus évidente «peut s'avérer très dangereuse et conduire à une polarisation» du pays. «Ils vont être perçus comme voulant contrôler tout l'appareil d'Etat, en reniant leurs promesses de coopérer, pas de dominer», ajoute-t-il. -Tunisie : le président tunisien Moncef Marzouki a décidé de prolonger jusqu'à fin avril 2012 l'état d'urgence en vigueur depuis la fuite du président Ben Ali, en raison d'une certaine instabilité dans plusieurs régions du pays et dans le centre de Tunis, a annoncé hier la présidence tunisienne. «Cette décision a été prise après des concertations avec le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et le chef du gouvernement», a précisé la présidence dans un communiqué. L'état d'urgence est ainsi prolongé pour la quatrième fois depuis le 14 janvier. Il avait auparavant été prolongé le 14 février, le 26 juillet et le 29 novembre. Cette mesure prévoit l'interdiction des rassemblements sur la voie publique et l'autorisation donnée à l'armée et à la police de tirer sur tout «suspect» refusant d'obéir aux ordres. La multiplication des manifestations dans le centre de Tunis, organisées soit par des islamistes qui réclament un Etat religieux, soit par des libéraux et laïcs qui défendent un Etat civil et démocratique, a conduit à cette prolongation de l'état d'urgence. «Malgré l'amélioration ces dernières semaines de la situation sécuritaire dans le pays, il n'en demeure pas moins qu'elle présente encore certains risques et que les activités publiques sont entravées de temps à autre dans certaines régions du pays», a-t-on ajouté. La situation sécuritaire reste très instable dans la région de Gafsa (sud-ouest) où des affrontements entre deux clans rivaux avaient fait deux morts mardi et mercredi derniers.