Le président tunisien, Moncef Marzouki, a décidé de prolonger jusqu'à fin avril 2012, l'état d'urgence en vigueur depuis la fuite du président Ben Ali, en raison d'une certaine instabilité dans plusieurs régions du pays et dans le centre de Tunis, a-t-on appris hier auprès de la présidence. “Cette décision a été prise après des concertations avec le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) et le Chef du gouvernement”, a précisé la présidence dans un communiqué. L'état d'urgence est ainsi prolongé pour la quatrième fois depuis le 14 janvier. Il avait auparavant été prolongé le 14 février, le 26 juillet et le 29 novembre. Cette mesure prévoit l'interdiction des rassemblements sur la voie publique et l'autorisation donnée à l'armée et à la police de tirer sur tout “suspect” refusant d'obéir aux ordres. La multiplication des manifestations dans le centre de Tunis, organisées, soit par des islamistes qui réclament un Etat religieux, soit par des libéraux et laïcs qui défendent un Etat civil et démocratique, a conduit à cette prolongation de l'état d'urgence. “Malgré l'amélioration ces dernières semaines de la situation sécuritaire dans le pays, il n'en demeure pas moins qu'elle présente encore certains risques et que les activités publiques sont entravées de temps à autre dans certaines régions du pays”, a-t-on ajouté. La situation sécuritaire reste très instable dans la région de Gafsa (Sud-Ouest) où des affrontements entre deux clans rivaux avaient fait deux morts mardi et mercredi. Le président de l'ANC, Mustapha Ben Jaâfar, avait mis en garde vendredi contre “le chaos” et la “rébellion”, soulignant que des “événements dangereux” s'étaient produits récemment dans le pays. “Notre pays a enregistré dernièrement des phénomènes dangereux comme des appels à tuer et s'entretuer, des profanations du Coran et de lieux saints, ainsi que du drapeau national, remplacé lors d'une manifestation par le drapeau noir des islamistes fondamentalistes”, avait-il rappelé à l'ouverture d'un débat sur la situation sécuritaire. R. I./Agences