A l'instar de plusieurs villes du pays, Béchar n'est malheureusement pas épargnée par le spectacle affligeant des enfants abandonnés. En dépit des efforts financiers consentis par l'Etat en vue d'enrayer le phénomène, force est de constater que la prise en charge des enfants livrés à eux-mêmes n'a guère évolué. Défavorisés par le sort, ils sont toujours exposés à la déchéance. A défaut d'avoir des statistiques fiables sur leur nombre exact et sur les multiples causes de ces dérives, la rue demeure pour l'instant le seul indicateur de l'ampleur du phénomène de maltraitance de l'enfance. Pour avoir une idée sur le sort inacceptable réservé à ces enfants, il suffit de voir les nombreuses femmes, dont l'âge ne dépassant pas souvent la trentaine accompagnées d'un ou de deux enfants en bas âge arpentant les rues ou assises sur les larges trottoirs des principales artères de la ville, tendant les mains aux passants pour quémander quelques dinars susceptibles d'atténuer momentanément leurs souffrances. Touchés par la compassion, les passants estiment tous qu'un enfant, qui évolue pendant des années dans l'environnement de la mendicité pratiquée par sa mère, sera inéluctablement voué lui aussi à l'exercer plus tard ou à choisir la voie de la délinquance. Ces mêmes passants se demandent pourquoi un enfant innocent, dont la place devrait être normalement à l'école, doit subir la mendicité qui lui est imposée. Les structures sociales défaillantes de l'Etat sont alors pointées du doigt. Celles-ci sont incriminées pour leur incapacité à venir en aide à ces enfants, alors que d'importants crédits leur sont annuellement alloués pour remplir précisément la mission qui leur est dévolue pour sauver ces enfants des dérives qui les guettent à l'âge adulte. Pourtant, selon les observateurs, les pouvoirs publics en leur qualité de protecteurs de la société de tous les maux se doivent de réagir contre l'existence de ce phénomène qui constitue, à court terme, un vivier de la délinquance juvénile. En plus, ils doivent donner un contenu réel à la convention portant protection des droits de l'enfant. L'Algérie, à l'exemple de nombreux pays, a pourtant ratifié à travers le décret présidentiel 97/102 du 5 avril 1997 la convention relative aux droits de l'enfance. Alors, s'agit-il d'une proclamation occasionnelle ou, au contraire, d'un engagement réel et sincère de la part des pouvoirs publics ? La réalité quotidienne des enfants abandonnés se livrant à la mendicité contredit malheureusement les déclarations de bonnes intentions des officiels à l'occasion des rencontres sur la protection des droits de l'enfance. Une prise en charge réelle et effective des enfants défavorisés passe nécessairement par une couverture sociale et la création de structures d'accueil adaptées au niveau local, seules à même d'enrayer ce phénomène, combien dégradant pour le pays.