La prise en charge des maladies thromboemboliques des patients cancéreux doit se faire, selon le Pr Zekri Samia, membre de la Société algérienne de médecine vasculaire, dans le cadre d'un réseau multidisciplinaire, sachant que leur nombre augmente de plus en plus. L'inexistence de service d'angiographie et l'insuffisance, voire l'absence de formation en médecine vasculaire durant le cursus universitaire, justifient pleinement la mise en place de ce réseau. Cela doit donc s'articuler autour de deux objectifs principaux qui sont d'abord la réduction des hospitalisations, et l'exigence de la meilleure qualité de vie des patients. Le Pr Zekri propose donc une prise en charge en ambulatoire de la thrombose veineuse en s'aidant de l'hospitalisation à domicile, d'où la nécessité de ce réseau, a-t-elle insisté. Le but pour elle est d'optimiser la prise en charge de la maladie avec un axe prioritaire qui est celui de la prise en charge en milieu oncologique, car il faut signaler que «le risque de l'association thrombose et cancer est estimé entre 15 et 25%, alors que 10 à 25% est le taux de néoplasie occulte», nous a-t-elle expliqué avant de préciser que son pronostic est plus sombre à cause du décès au cours du cancer. Pour ce faire, la proposition du réseau entend promouvoir une prise en charge de proximité et éviter les déplacements aux patients, car «notre objectif est de standardiser la prise en charge diagnostique, favoriser la prise en charge ambulatoire et l'hospitalisation à domicile et standardiser les traitements selon les recommandations internationales», a-t-elle ajouté avant de préciser qu'en cas de cancer, il ne faut traiter les patients qu'avec les héparines à bas poids moléculaire (HBPM). Pour le Pr Zekri, il n'y a pas de différence significative entre le traitement pris à l'hôpital et celui fait en ambulatoire en termes de complications thromboemboliques ou hémorragiques. «Mais les avantages sont en faveur de l'ambulatoire, que ce soit pour les coûts ou pour la qualité de vie des patients», a-t-elle indiqué. Et d'ajouter que «ce ne sont pas tous les malades qui sont concernés. Il faut éliminer toutes les indications sociales et médicales.» Pour ce faire, il est donc important, soutient le Pr Zekri, de faire un travail de collaboration entre les oncologues et les médecins internistes et créer des pôles de référence pour faciliter le circuit pour le malade et les médecins traitants. Ce qui sera obligatoirement soumis à évaluation et permettra justement un ancrage juridique et une budgétisation de ce réseau multidisciplinaire, comme cela est le cas ailleurs dans le monde. La concrétisation de ce projet passe par le développement de l'enseignement spécifique envers le médical et le paramédical, actualiser les connaissances, homogénéiser les recommandations, développer la recherche clinique et la participation aux essais thérapeutiques. Dans un premier temps, le Pr Zekri signale que la Samev s'engage à assurer l'enseignement et à former les médecins et les soignants. Elle s'engage également à assurer pour les patients des soins de qualité et les informer correctement sur la maladie et ses enjeux sur l'importance des traitements en leur fournissant des consignes à la sortie de l'hôpital. «Notre objectif également est de favoriser l'éducation thérapeutique et aller vers un centre d'apprentissage de l'anti-coagulation et apprendre au malade l'autocontrôle pour devenir autonome dans la gestion de sa maladie».