Parmi les mesures que l'Etat algérien devra prendre dans l'immédiat est l'arrêt de toute importation des intrants avicoles des pays où la grippe aviaire s'est déclarée », recommande les vétérinaires qui considèrent que le risque de propagation du virus H5N1 en Algérie n'est pas exclu. « Les oiseaux migrateurs transitent par notre pays et font même des haltes dans de nombreuses zones humides », atteste le docteur Djamel Sayad, praticien affecté à l'inspection vétérinaire de la wilaya de Boumerdès. « Aujourd'hui, les cas avérés sont aux portes de l'Algérie. Au Niger, pays frontalier et tout près de nous, en Italie et en France. Il est aussi impératif de geler toute importation du poussin d'un jour, quitte à ce que la filière avicole prenne un rude coup au plan économique », explique le spécialiste. Les hommes de terrain préconisent également un exercice de simulation tel qu'énoncé dans le dispositif national de lutte contre la grippe aviaire. « La meilleure chose à faire est de tester nos capacités sur le terrain. Opérons ainsi comme dans un véritable foyer où le virus aurait vu le jour. Toutes les institutions concernées (Agriculture, Intérieur, Défense nationale, Santé publique, PAF etc.) seront donc déployées. Ainsi entraînés, nous gérerons mieux la situation au cas où le virus ferait son apparition en Algérie », soutient-il encore. Pour ce qui est du confinement, l'expert tient à signaler que « dans la majorité des cas, nos élevages se font dans des bâtiments normatifs ». Les vétérinaires recommandent toutefois aux aviculteurs d'installer « en urgence » une pédiluve à l'entrée du bâtiment (espèce de bassin désinfectant dont le produit est disponible sur le marché) et de limiter l'accès au bâtiment d'élevage aux seules personnes qui y travaillent. Il est demandé aussi aux éleveurs de tenir un registre journalier sur lequel tous les faits qui prêtent à suspicion devront être marqués et d'en tenir informés les services vétérinaires les plus proches. Les APC doivent aussi bouger, « sans trop attendre », afin de recenser l'ensemble des élevages « inconnus des services vétérinaires ». « Dans cette affaire de recensement, la responsabilité incombe exclusivement aux collectivités locales. Une fois dressée, la liste devra être transmise immédiatement à l'inspection vétérinaire. Il faut savoir qu'une forte concentration d'élevages non recensés évolue dans les régions de Lakhdaria (Bouira), Boumerdès, Médéa, Tablat... Comment gérer les zones humides ainsi que les barrages où atterrissent des centaines de milliers d'oiseaux migrateurs ? Observations non-stop et prélèvements quasi-quotidiens avec une prépondérance sur les canards d'eau douce. Ces derniers peuvent être des porteurs sains du virus, autrement dit, ils ne présentent aucun signe apparent de la maladie. Et au même titre que les autres volatiles atteints, ils peuvent transmettre le virus dans les zones alentours. Les élevages traditionnels étant les plus exposés, il leur est impérativement « ordonné » de confiner leur basse-cour et de ne pas laisser les abreuvoirs et les mangeoires à l'extérieur.