La population vulnérable à la grippe aviaire est estimée par les épidémiologistes à 5 millions de personnes en Algérie. « Des centaines de millions de dollars sont alors nécessaires en urgence pour renforcer nos services de santé animale et nos laboratoires, afin d'améliorer le dépistage du virus de la grippe aviaire », affirment pour leur part les spécialistes algériens de la filière avicole. Que faire devant un fléau mondial qui frappe à nos portes ? « Assurer en urgence l'inspection et les contrôles aux ports et aux aéroports et dans nos élevages de volailles », estime un vétérinaire. « Ce n'est, explique-t-il, qu'en maîtrisant le problème chez les poulets et les canards que l'on pourra réduire les risques pour la santé humaine. » Le message est clair, net et précis. Les vétérinaires que l'on a interrogés insistent sur « la nécessité de renforcer en moyens nos laboratoires afin de mener à bien leurs missions de détections précoces du virus. » De l'avis des spécialistes, la première chose à faire est le diagnostic. Car au-delà de la surveillance, la maîtrise du risque dans nos élevages est l'élément fondamental. Pour les spécialistes de la santé animale, le premier rempart dans la lutte contre la propagation de l'épizootie de la grippe aviaire est le test de dépistage qui permettra de voir si maladie il y a ou non. Il s'avère à ce titre parfaitement nécessaire de dépister cette épizootie dans les lieux à risque de transmission, tels que les ports, les aéroports, les portes frontalières... Il va, en outre, sans dire que la surveillance des oiseaux migrateurs est tout aussi nécessaire. Mais l'affaire est loin d'être une sinécure. Les marges de manœuvres sont en revanche plus larges dans « le dépistage des volailles domestiques et la promotion de pratiques d'élevage évitant tout risque de contact avec les oiseaux sauvages. » Il en est de même de la sensibilisation de tous les professionnels de la filière avicole sur l'obligation de signaler tout cas de décès suspect d'un oiseau sauvage ou domestique. L'autre enjeu est le risque lié à l'importation dans la filière avicole. L'heure est au renforcement des contrôles autour de l'introduction sur le territoire national d'oiseaux et de produits dont l'importation et sans doute l'élargissement de l'interdiction d'importations des produits avicoles en provenance des pays nouvellement touchés (Roumanie, Turquie). L'Algérie importe près de 2,5 millions de poussins par an pour une production locale estimée à 230 millions. 5 à 6 millions de poulets sont consommés annuellement par les algériens. Le risque concerne les « poulets reproducteurs » qui donnent des poussins d'un jour qui sont élevés pour le « poulet de chair » dont l'importation vient principalement de l'Europe occidentale. Les scientifiques redoutent une mutation du virus qui le rendrait transmissible d'homme à homme et déclencherait une pandémie.