L'opération «Protection de la ville de M'sila des inondations», s'est avérée, après coup, une véritable malédiction pour les riverains. Ils assistent, impuissants, à l'arrachage des arbres de leurs vergers, plus précisément ceux qui bordent la rive sud de l'oued Ksob. Les engins de l'entreprise chargée des travaux et leurs différentes manœuvres ont bousculé l'équilibre précaire de cette zone fragile et provoqué le glissement de dizaines d'hectares sous les eaux stagnantes de l'oued. «La fragilité du milieu n'a pas résisté aux coups de godets, assénés par les engins, aux obstacles naturels que constituaient les talus sur lesquels étaient adossés ces vergers», a lancé avec amertume Mahfoudh Belkobbi, président de l'Association du quartier Largoub. Et d'ajouter que «les travaux d'excavation, opérés par la société GRH de Annaba, ayant engendré l'éventrement du lit de l'oued, et les coups de pelleteuses qui ont entraîné la suppression des supports des sols, ont fini par déstabiliser les terres mitoyennes avec ce grand cours d'eau et provoqué l'écroulement des vergers». La réalisation du projet de protection de la ville est en phase de pénaliser les populations des quartiers de Largoub et Ouled Sidi Mahmoud qui, non seulement sont en train de perdre leurs vergers, mais également vivent depuis quelque temps sous la hantise des terribles inondations, qui ont déjà causé, en 2006, la mort de 3 personnes et l'effondrement de plusieurs habitations. Ces vergers, qui depuis des temps immémoriaux ont jalonné les rives de oued Ksob, accompagné son écoulement séculaire, et irrigués par l'eau qui émane du haut des plaines sétifiennes sont en train de disparaître à cause de la fuite de responsabilité du STH Sétif, bureau d'études en charge du suivi. La direction de l'hydraulique n'est pas en reste et a sa part de responsabilité dans cette hécatombe occasionnée à l'oued et à son milieu immédiat. Les propriétaires sont dans l'expectative devant la dévastation systématique de ce patrimoine et s'apprêtent à entamer une action en justice contre la direction de l'hydraulique et l'entreprise de réalisation Selon Mahfoudh Belkobbi, «le massacre ne s'est pas arrêté là», par le fait, dira-t-il, «que cette entreprise, qui avait également la charge du renouvellement du collecteur qui longe l'oued, a sommairement enterré la canalisation sans en faire le raccordement, après avoir détruit l'ancienne canalisation qui continue à être un exutoire aux eaux usées du quartier Largoub et des autres quartiers du centre-ville». «Le pire, dira le président du quartier Largoub, ces canalisations d'eaux usées se croisent avec le réseau d'eau potable. Alors, on redoute à tout moment l'apparition d'une épidémie aussi soudaine que virulente.» Dans le sillage de ce projet de la protection de la ville des inondations, M. Belkobbi met en relief la nécessité du démantèlement du gué de Ouled Sidi Mahmoud, qui a été l'obstacle majeur à l'écoulement des crues, comme il est à l'origine de la mort d'hommes et de l'effondrement de plusieurs habitations dans ces deux quartiers. «Pour se prémunir contre ces dangers, a souligné M. Benkobbi, il est impérieux que les autorités locales inscrivent une opération de construction d'un pont qui enjambera oued Ksob et fera la jonction entre les quartiers de la rive sud et la rue du colonel Haouès». Cette situation ne semble pas inquiéter outre mesure l'entreprise GRH et encore moins les autorités locales, qui ne semblent pas accorder de l'importance à ce projet, qui peut, lors d'une crue d'envergure, occasionner une véritable catastrophe. Le handicap majeur de la ville de M'sila réside dans l'enclavement de certaines populations riveraines qui sont dans l'obligation de faire de grands détours pour joindre leur destination et ce, à cause de l'inexistence d'ouvrages reliant les deux rives. C'est la raison pour laquelle les riverains demandent la réalisation de ponts qui feront la jonction entre les différents quartiers de la ville, notamment entre ceux de Kouch et Ouled Sidi Mahmoud. Ce dernier est particulièrement enclavé.