Des chercheurs du Centre international de recherches et d'études sur le terrorisme et l'aide aux victimes du terrorisme (Ciret-AVT) ont adressé une lettre au gouvernement français et aux candidats à l'élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 22 avril prochain. Dans cette lettre, ils se sont ouvertement pris à la politique étrangère de la France, en particulier l'affaire de la Libye, où sont évoqués «le démembrement d'un Etat autoritaire et paternaliste, gouverné par un personnage fantasque et dérangeant, sauf quand il s'agissait de lui offrir des contrats avantageux, les divisions d'une opposition multiple, patchwork de monarchistes, de démocrates, d'anciens séides d'El Gueddafi, de fondamentalistes salafistes et de «soldats» d'Al Qaîda sur fond d'une population hétérogène, fragmentée en tribus rivales et jalouses de leur identité et par voie de conséquence, le retour à l'anarchie au sens propre, c'est-à-dire à l'absence d'Etat, la montée du fondamentalisme religieux avec son corollaire de la charia, alors qu'ils avaient indiqué que «la loi islamique figurait dans le programme du CNT». A travers ce document où sont nommément cités Nicolas Sarkozy, président sortant, et son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, le Ciret-AVT, tire donc à boulets rouges sur la diplomatie française, démontrant la décomposition de la Libye, malgré certains «souvenirs» tels «les sages recommandations de l'Union africaine balayées d'un revers de main par les Occidentaux» ou bien «les inquiétudes de l'Algérie méprisées». Le constat est jeté sans appel concernant l'Afrique subsaharienne puisque «notre boutefeu en chef, Alain Juppé, déclare que la France n'interviendra pas (…) alors que des accords d'assistance mutuelle nous lient à ces pays ; ce qui revient à dire que, non seulement nous nous sommes mêlés au Maghreb de ce qui ne nous regardait pas, mais que nous ne tiendrons pas nos engagements là où ils existent». La diplomatie française semble bien victime du «deux poids, deux mesures». «M. Sarkozy et M. Juppé qui dégainez aussi facilement sur les bords de la Méditerranée, quelle soudaine pusillanimité vous frappe-t-elle en Afrique ?», se sont-ils interrogés en guise de conclusion.