Il surfe sur des foyers de tension à l´étranger pour se refaire une santé politique en France La diplomatie française pourrait-elle rebondir sur l'échiquier géostratégique international, en mettant à son profit le bourbier libyen? Fervent admirateur de l´ex-administration de Bush, oeuvrant essentiellement à provoquer et/ou à prendre part à des foyers de tensions, l´administration française «version Sarkozy» s´est ébranlée, à son tour, dans le même sillage. Donc, c´est en surfant sur des crises et des foyers de tension d´ordre mondial ou régional que Nicolas Sarkozy compte redorer le blason de la République française sur l´échiquier géostratégique. Une telle démarche conduit donc la France à croiser le fer dans un bon nombre de situations de conflits, notamment dans ses ex-colonies (Afrique), où ses intérêts stratégiques sont menacés aussi bien par les régimes en place que par certaines puissances, la Chine en l´occurrence. Ce constat ressort d´une étude menée par André le Meignen, expert indépendant et vice-président du Centre international de recherche et d´étude sur le terrorisme et l´aide aux victimes du terrorisme (Ciret-avt) qui a relevé que l´Elysée s´est enfoncé dans le bourbier libyen, en tombant dans le jeu de Washington. «Nous sommes très convaincu que l´engagement irréfléchi de Paris dans le conflit libyen fait le jeu de Washington, laissant Nicolas Sarkozy s´afficher en moteur de la Coalition, au risque, en cas d´échec, d´endosser toute la responsabilité de cette sale guerre», a fait savoir l´expert, estimant, également, que l´attitude plus discrète du président Obama aux Etats-Unis d´Amérique consiste à tirer les marrons du feu. Dans le même contexte, Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (Cf2r) a souligné que l´hypermédiatisation du rôle de la diplomatie française, dans le cadre du conflit libyen, est particulièrement trompeuse et dangereuse. Ainsi, l´expert en renseignement a soutenu que «la France s´est fortement impliquée en Libye, car elle conclut des contrats secrets avec les insurgés». Néanmoins, Eric Denécé a relevé que le pari de Sarkozy comptant renverser le régime d´El Gueddafi n´est pas aussi certain. S´agissant du dossier libyen, il faut noter qu´il y a dans l´opposition française des parties accusant ouvertement le président de la République française d´avoir commis un échec cuisant à la fois sur le plan d´une méthode et d´une politique dans sa gestion des affaires étrangères. Sans ambages, le patron du PS, François Hollande, a souligné que le départ du gouvernement de la ministre des Affaires étrangères Michèle Aliot-Marie marquait «l´échec de la diplomatie française et constituait un affaiblissement de l´autorité du président». Et d´ajouter, dans le même ordre d´idées, qu´il s´agit d´un échec de la diplomatie française, mais aussi de celui qui l´a portée, c´est-à-dire. Nicolas Sarkozy. Donc, sur plan pratique, la diplomatie française renseigne amplement sur sa faiblesse et sa maladresse dans le traitement des dossiers d´intérêt international. Un tel constat est d´ailleurs, soutenu et vérifié par nombre de spécialistes français, au fait des questions diplomatiques. Ces derniers ont même souligné que la diplomatie française n´arrive pas, désormais, à se remettre au centre du jeu africain ou proche-oriental, où elle pèse peu, et sans éclat. A cela s´ajoute également l´émergence d´une diplomatie parallèle à l´ère de Sarkozy, laquelle est pilotée, relèvent nombre de spécialistes, par l´ex-secrétaire général de l´Elysée en l´occurrence, Claude Guéant. Cela signifie de l´avis de François Hollande, «une défaite, voire la déroute de la France sur le fond même de la politique étrangère, qui n´est pas à la hauteur des événements qui se sont produits, notamment dans le Monde arabe». Enregistrant des échecs successifs autant au plan d´action et de représentativité, la diplomatie française compte rebondir en mettant à son profit le bourbier libyen. Après avoir perdu la face lors des révolutions «du Jasmin» et des «Enfants du Nil», qu´elle n´a pas vu venir, la diplomatie française version Sarkozy a donc, entamé de nombreuses initiatives. Des initiatives jugées par nombre d´experts français de maladroites, malencontreuses. Et pour preuve, ils en veulent à «l´engagement irréfléchi de la France» dans le conflit libyen, mais aussi l´idée de la construction de l´Union pour la Méditerranée lancée tambour battant, par Nicolas Sarkozy. Dérouté et outré par les scandales mis à jour par la presse française portant sur les relations douteuses entretenues par nombre de représentants de la diplomatie française ayant bénéficié des largesses des dictateurs arabes, Sarkozy a fait appel à Alain Juppé dans l´espoir de redorer le blason. Le chef d´Etat français réussira-t-il un tel défi? Peu d´espoir s´annonce à l´horizon sachant déjà, qu´encore une fois, Nicolas Sarkozy vient de faire preuve d´une énième maladresse, à savoir «le projet de conférence internationale au Proche-Orient», annoncé il y a à peine quelques jours à partir du Proche-Orient par son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Car, une telle initiative n´a pas convaincu les Américains ou suscité leur intérêt par rapport à cette question. «Wait and see», lui a dit la secrétaire d´Etat Hillary Clinton après que les Israéliens eurent poliment éconduit les initiatives de Paris. Alors que pour le conflit libyen, des spécialistes soulignent que la France s´est jetée dans un bourbier où le prix à payer ne sera que plus cher, d´autant plus que les Etats-Unis d´Amérique s´imposent, de plus en plus, en «chef d´orchestre».