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«Un nationaliste arabe francophone et un Berbère réfractaire au berbérisme»
Omar Carlier revient sur le parcours de Ben Bella
Publié dans El Watan le 17 - 04 - 2012

Ahmed Ben Bella a fait l'école européenne à Maghnia et a poursuivi ses cours au collège de Tlemcen, rapporte le conférencier qui parle d'une excellente maîtrise du français allant lui servir plus tard à l'armée et au conseil municipal.
Un nationaliste arabe francophone et un Berbère réfractaire au berbérisme.» C'est en ces termes que Omar Carlier qualifie Ahmed Ben Bella, auquel il consacre une biographie, un travail, dit-il, resté en attente et dont le matériau a servi à la conférence, organisée en collaboration avec le CRASC, qu'il a donnée hier au Centre d'études maghrébines en Algérie (CEMA). Il résume en quelque sorte les paradoxes de l'homme mais qui n'altèrent en rien le rôle important qu'il a eu à jouer dans le mouvement national, la guerre de Libération et l'Algérie indépendante. Le chercheur de l'université Paris 7 décortique la part du mythe, de l'homme et de l'histoire qui entoure le parcours du premier président de l'Algérie indépendante en apportant un éclairage parfois inédit sur ses multiples facettes et en le situant dans les contextes (interne et externe) des époques qu'il a traversées et qui ont influé sur ses idées et ses prises de position.
«L'importance historique d'un acte politique et la vivacité d'une trace mémorielle ne s'évaluent pas forcément par la longévité d'un mandat ou la durée d'une position de pouvoir», explique l'orateur qui entame son sujet avec un retour sur les origines de la famille. Le père est venu du Rif (Atlas marocain), d'une région berbérophone des Ouled Sidi Rahal, pour s'installer à Maghnia peu avant 1900 et épousera plus tard sa cousine de la même confrérie de la tribu des Moukahlia, socialisée à l'ethnos religieux traditionnel.
Celui-ci ouvre un foundok et acquiert en concession des terres, même si ces dernières étaient difficiles à cultiver. Le qualificatif «origine modeste» s'applique à Ben Bella, mais Omar Carlier tempère en indiquant que dans le contexte colonial de l'époque, le petit héritier (avant-dernier garçon d'une fratrie de huit) ne vit pas dans des conditions précaires. Ahmed Ben Bella a fait l'école européenne à Maghnia et a poursuivi ses cours au collège de Tlemcen. «On a sous-estimé son bagage scolaire», estime le conférencier qui parle d'une excellente maîtrise du français allant lui servir plus tard à l'armée et au conseil municipal. En revanche, il soulignera ses faiblesses en arabe classique et moderne, une faiblesse dont il se rendra compte notamment lors de son séjour au Caire.
Dans sa jeunesse, Hmimed était porté sur le sport comme loisir de prédilection. «Une réalité incontestable, même s'il ne faut pas surdimensionner son passage au club de Marseille», précise-t-il en expliquant que cette culture sportive allait quand même, dès sa prime jeunesse, l'aider à surmonter sa première séparation avec sa famille en allant poursuivre ses études à Tlemcen, une ville où il ne s'était pas senti à l'aise. «Il était perçu comme un étranger par la communauté européenne et les autochtones citadins le trouvaient plutôt rustique.» Là aussi, Omar Carlier va rectifier une idée reçue en affirmant, sur la base d'une enquête de terrain serrée réalisée entre 1974 et 1976 à Tlemcen, avec des acteurs du mouvement national, actifs aux alentours de 1937, que Ben Bella était inconnu au PPA. Son entrée en politique se fera au MTLD en 1946, c'est-à-dire après la deuxième guerre avec le désenchantement qui a suivi le retour des soldats algériens (il était un héros de grade adjudant décoré de la médaille militaire) mais surtout à la répression de la manifestation de Sétif et les massacres perpétrés par le pouvoir colonial. Le conférencier souligne l'aspect fulgurant de l'ascension politique de celui qui va voir son prestige personnel renforcé (tête de liste lors des élections de 1947) et devenir, à 28 ans seulement, l'une des personnalités locales les plus en vue. Coopté au comité central, il va vite rejoindre l'OS et préparer avec Aït Ahmed, qui dirige l'opération, le hold-up de la poste d'Oran. Là aussi, le biographe suggère de ne pas exagérer le rôle qu'il a joué.
LA CRISE BERBERISTE PROFITE À BEN BELLA
La crise berbériste lui profite directement. Aït Ahmed, promu à la tête de l'OS après Belouizdad (premier chef statutaire qui va tomber malade et mourir de la tuberculose), sera suspecté et écarté. Ben Bella se retrouve à la fois au CO et à la direction de l'OS dont il deviendra le dernier chef statutaire, car l'organisation sera démantelée en mars 1950. «Entre 1946 et 1949, alors que personne, en dehors de sa ville, ne le connaissait auparavant, il est déjà une personnalité essentielle», déclare Omar Carlier qui note : «L'ancien adjudant des tabors est d'ores et déjà l'un des quatre ou cinq principaux dirigeants du premier parti politique algérien.» Concernant l'OS, on rappelle souvent à Ben Bella son attitude peu glorieuse face à la police française en acceptant de parler sans résistance.
L'universitaire pense que le fait est exact, mais que d'une part la police connaissait presque déjà tout sur l'OS et que Ben Bella n'a pas avoué l'essentiel, notamment les caches d'armes. Soucieux de ne pas imputer au passé les conflits ultérieurs, Carlier évoquera par la suite les retrouvailles au Caire, dans un contexte de prise de pouvoir par les Officiers libres (Nasser notamment), de Khider, Aït Ahmed et Ben Bella, mais surtout de l'accord passé entre Ben Bella et Boudiaf (les deux hommes n'étaient pas en conflit à l'époque) avant le déclenchement de la guerre.
«Au lendemain du 1er Novembre, Ben Bella, poursuit-il, va occuper le devant de la scène et jouir du prestige de l'action, car il sera à nouveau présenté par la presse française comme l'ennemi public n°1.» Aussi, à partir du Caire, les correspondants du monde entier vont relayer l'information de l'action simultanée du 1er Novembre en s'appuyant sur les déclarations de la direction extérieure du FLN. Les ambitions maghrébines de Nasser ont été prises en compte avec l'idée de la construction d'une figure politique mise en avant par celui qui, selon l'orateur, «a trouvé en Ben Bella un allié malléable». La propagande égyptienne (la Voix des Arabes) et la presse française ont fini par construire un mythe pourtant, souligne-t-il, la tête de la Révolution va très vite échapper au duo Boudiaf-Ben Bella au profit du duo Krim Belkacem-Abane Ramdane, ce dernier, ancien du PPA sorti de prison en 1955, ayant connu également une ascension fulgurante et des actions énumérées à titre indicatif et qui vont rester dans l'histoire. Avec l'assassinat de Abane Ramdane, «l'ennemi personnel de Ben Bella est définitivement écarté», note l'historien qui estime par ailleurs que le détournement de l'avion du sultan marocain et l'arrestation de la délégation extérieure du FLN ont bénéficié, à terme, à Ben Bella. Entre alors en compte le futur groupe d'Oujda avec Boumediène en qualité de chef d'état-major qui va contacter Ben Bella (Boudiaf n'ayant pas adhéré) afin de se doter d'une légitimité historique et politique.
A son accession à la tête de l'Etat après l'indépendance, son biographe dira de lui : «Il n'a pas de doctrine, mais une sensibilité et des références. Il est sincèrement socialiste, au sens du ‘'marxisme objectif'', qui renvoie à l'idée que l'Etat nouveau doit récupérer, contrôler et développer les richesses nationales face aux prétentions des anciennes classes possédantes, ce qui lui vaut l'appui de Boumediène, puis le ralliement du parti communiste. Mais il accueille aussi, avec conviction, la stratégie autogestionnaire que lui propose une partie de la gauche du FLN, dont Mohamed Harbi est le chef de file.» Les deux ans et demi passés à la tête du jeune Etat algérien n'ont pas été de tout repos pour lui, au point qu'à la veille du coup d'Etat de 1965, on enregistrait déjà moins de ferveur populaire avec les promesses de l'indépendance qui ont tardé à venir.
A propos de cet événement, Carlier pense qu'«il (Ben Bella) avait, grâce à des soutiens internes mais aussi externes (Nasser, Castro), les moyens de riposter, mais il ne l'a pas fait». Une question qui restera posée, l'intéressé ayant, de son vivant, toujours évité d'y répondre, selon le même historien. Avec lui, «Alger était bien en train de devenir la Mecque des mouvements de libération», poursuit-il en n'omettant pas de souligner a contrario le renforcement de l'aspect policier de son pouvoir avec, notamment, l'arrestation de Boudiaf et la condamnation à mort d'Aït Ahmed, prémices pour l'organisation de l'opposition à l‘extérieur du pays. «Les clivages entre conservateurs et progressistes, religieux et laïcs, pro et anti-militaires, arabistes et algérianistes, tiers-mondistes et arabo-islamistes qui ont été bousculés par les pro et anti-Ben Bella sont autant de catégories à déconstruire», note le conférencier en référence aux dissensions internes. Ben Bella – qui ne se doutait pas que celui qu'il a connu au Caire et qu'il a promu allait le renverser – ne va rebondir qu'après sa libération en 1982 avec la création du MDA. Hormis certains aspects de la vie privée de l'homme, Carlier va évoquer les échecs liés à son retour sur la scène politique après l'ouverture de 1988, mais va également aborder certains changements d'orientation en fonction des situations de l'heure, comme évidemment l'acceptation du multipartisme, le rapprochement avec la tendance islamique ou sa réconciliation avec Aït Ahmed (conférence commune de Londres dans les années 1980), avec Bouteflika après le retour de celui-ci en 1999, etc. Pour le biographe, «le populisme et l'opportunisme n'excluent pas la sincérité».


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