Jeudi, 19 avril… Suite à la disparition tragique de Pier Mario Morosini, joueur professionnel italien de 25 ans décédé d'une crise cardiaque le 14 avril 2012, le président de la FIFA a souligné «qu'il ne peut y avoir aucun compromis concernant la santé des joueurs, qui exige toute notre attention». Depuis l'arrêt cardiaque (SCA) du joueur de Bolton, Fabrice Muamba, la question des examens cardiaques dans le football se trouve à nouveau au cœur des débats. Déjà, le décès de Marc-Vivien Foe en 2003 avait poussé la FIFA à travailler sur la prévention. Dès l'année 2005, nous avons procédé à la mise en place d'un examen poussé de tous les joueurs avant les compétitions. Cette mesure a été appliquée lors de la Coupe du monde 2006 et de la Coupe du monde féminine 2007. Par la suite, cet examen fut rendu obligatoire avant chaque compétition. Qu'est-ce que le PCMA ? En résumé, il s'agit d'une batterie de tests médicaux conçus pour détecter efficacement tout problème cardiaque. Le PCMA de la FIFA comprend, notamment, un électrocardiogramme au repos (ECG avec 12 dérivations) et une échographie cardiaque afin de maximiser les chances de détection de certaines anomalies. L'objectif était de mettre en place un système de prévention standard applicable à tous et partout dans le monde. C'est précisément ce à quoi nous nous sommes employés très tôt au niveau de la commission médicale de la FAF. Les défis étaient multiples. Afin de nous assurer qu'un maximum de personnes passent le test, nous l'avons d'abord rendu obligatoire pour l'obtention d'une licence, en agissant au niveau des règlements généraux. Ensuite, nous avons rassemblé les informations concernant tous les licenciés dans une base de données. Bien entendu, nous avons également veillé à respecter le secret médical. Nous avons franchi chaque étape avec succès, ce qui prouve que l'application du PCMA à large échelle n'a rien d'impossible. Nous sommes cependant d'accord avec le Pr Dvorak, médecin chef de la FIFA, Malgré ces précautions, il est impossible de prévenir tous les accidents susceptibles de se produire pendant un match de football. Certains athlètes, apparemment sains, passeront toujours à travers les mailles du filet de la détection. C'est là le deuxième volet de la stratégie : lorsqu'un accident cardiaque se produit sur le terrain, nous devons veiller à ce que des personnes qualifiées soient présentes sur place pour intervenir. Du personnel médical qualifié et un matériel adéquat (dont un défibrillateur) devraient être présents dans chaque stade. Bien entendu, l'idéal serait que tous les stades du monde se dotent d'un tel équipement, mais pouvons-nous d'ores et déjà le rendre obligatoire partout ? Il faut cependant faire comprendre aux autorités gouvernementales et sportives que ce matériel entre les mains de professionnels présents peut sauver des vies. Notre rôle est d'expliquer à tous qu'il s'agit là d'une question de vie ou de mort. L'idée de ce programme de formation, pour les urgences en médecine du football, est de fournir aux médecins responsables soit d'un match de football particulier, soit d'un tournoi ou une compétition de football de divers niveaux, d'acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour leur permettre d'assumer leur rôle avec confiance. L'objectif est de fournir une formation de base et de renforcer les connaissances dans les domaines de la médecine d'urgence et de la médecine de catastrophe de masse. Un manuel de médecine spécifique a été écrit dans cette perspective au bénéfice des équipes médicales, afin de faciliter leur travail dans leurs fonctions respectives. Le Manuel des urgences en médecine du football de la FIFA a été conçu et édité en coopération avec le Centre médical d'excellence de la FIFA et le Département de médecine d'urgence de l'Université du Witwatersrand, Johannesburg (Pr Efraim Kramer). Un autre héritage de la Coupe du monde 2010… Deux volets, donc, pour une même stratégie, doivent obligatoirement être mis en place et en route : la prévention, à travers le PCMA (Evaluation Médicale Pré Compétitive), et la réaction, en disposant d'équipes d'urgentistes capables d'apporter une réponse appropriée en cas d'accident. Pour ceux qui seraient passés à travers les mailles du filet de la prévention, une réaction immédiate des secours peut s'avérer décisive. Nous l'avons du reste constaté récemment. A partir du Centre médical d'excellence de la FIFA à Alger, et à la lumière de l'expérience acquise, nous nous ferons un devoir, avec nos confrères des institutions concernées, de proposer rapidement à nos ligues et à nos clubs des solutions pratiques et efficaces.