C'est une assistance moins nombreuse que d'habitude et si médusée qu'elle ne pouvait fortement ovationner Ahmed Ouyahia qui a assisté lundi 24 avril à son meeting électoral à la salle omnisports de la ville de Boumerdès. Car le discours du chef du RND contrastait franchement avec la dure réalité que vit la population de la région. Ouyahia a énuméré ce qu'il considère comme des «réalisations effectuées dans le cadre de la politique de développement local». Et il a promis d'autres projets au profit de la wilaya avançant «34 établissements de santé dont trois hôpitaux et une zone industrielle de 137 ha à Larbatache». Plaidant pour la «continuité dans la stabilité», le chef du RND, qu'on a eu du mal à distinguer du premier ministre tant il a parlé plus de l'action du gouvernement que d'un programme électoral propre à son parti, a défendu la « politique du Président de la République qui, en plus des réalisations locales, dira-t-il, a permis des prouesses nationales ». Il a évoqué la « stabilité induise par la Réconciliation nationale et le remboursement de la dette» pourtant rendue possible, disent les contradicteurs du gouvernement, par l'envolée des prix du pétrole depuis 1999. Pour Ouyahia, l'Algérie est dans une position plus confortable que l'Italie, la Grèce et l'Espagne, des pays frappés de plein fouet par la crise. Son argument : l'Algérie se permet des augmentations des salaires et des pensions de retraite tandis que dans des pays d'Europe on procède à des réductions. Sa comparaison ne dit pas cependant si le pouvoir d'achat d'un algérien est meilleur que celui d'un Italien. Ahmed Ouyahia a conçu son discours comme une réponse aux partisans du clan de « ma kayen oualou » (rien n'a été fait par l'Etat). Il dira ainsi à l'adresse de ses détracteurs que « l'Algérie construit et avance, et le RND propose aussi des idées ». Le premier responsable d'un exécutif qui vient de penser des lois restrictives pour les assemblées élues, parlera notamment de la « décentralisation de la décision pour aller vers plus de prérogatives pour le pouvoir local et la société civile ». Dans une wilaya où une quarantaine d'entrepreneurs viennent de manifester leur colère dans la rue pour n'avoir pas été payés depuis des années pour des projets réalisés au profit de l'Etat, Ouyahia a parlé de mesures incitatives pour l'investissement et l'entreprenariat local. Dans ce sens, il a promis que les projets de moins de 100 millions de dinars iront en priorité aux entreprises crées dans le cadre de l'ANSEJ. Ouyahia a tenu à rappeler « l'exploit d'avoir fait construire, en Algérie, plus de 16 000 chalets pour loger les sinistrés du séisme de mai 2003 », mais n'a pas renouvelé sa promesse, faite dans la même salle en 2009 à l'occasion de la campagne pour l'élection présidentielle, de loger dans des habitations décentes les occupants de ces chalets, fortement dégradés, mais qui n'en abritent pas moins autant de cas sociaux aujourd'hui encore. Evoquant le contexte régional tendu, Ouyahia a déclaré que l'Algérie est la cible de certaines forces qui oeuvrent à sa déstabilisation et appelé à la « vigilance contre les appels au changement ». La rencontre s'est déroulée sous une présence policière impressionnante. L'appréhension était telle qu'on n'a ouvert les portes de la salle pour l'évacuer qu'après le départ de l'hôte de Boumerdès. Comme quoi ceux qui s'invitent chez la population pour l'inviter à voter pour eux ont toujours peur, et sont toujours au-dessus, du peuple.