Si Tlemcen m'était chantée», un spectacle à plusieurs voix, a drainé la grande foule, lundi soir, au palais de la culture Abdelkrim Dali-Imama, à la faveur des festivités de clôture de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique». Tlemcen De notre envoyé spécial Après une ouverture avec la zorna et une touchia ghrib, exécutée par l'orchestre de Mabrouk Hamaï, Farid Khodja a entamé une qcida hawzi extraite d'un de ses derniers albums. Abdellatif Merioua, qui n'était pas au meilleur de sa forme, a préféré s'en prendre inutilement aux jeunes dans un istikhbar, Chouban had zman la ray la tedbir (les jeunes d'aujourd'hui n'ont pas de personnalité), avant de reprendre le presque inévitable Sidi Boumediène, jitek qaced. Le jeune Abbas Righi de Constantine, 28 ans, a été une véritable découverte pour le public tlemcénien. Cet ancien élève du maître Kadour Darsouni a interprété la version malouf de Lillah ya ben el werchane avec une parfaite maîtrise vocale. Abbas Righi est actuellement membre de l'Ensemble national de musique andalouse. La jeune artiste kabyle, Taous Arhab, a, de son côté, mis une couche supplémentaire à l'ambiance avec des chansons légères. Taous Arhab aime mêler les chants berbères aux sonorités R'n'B, manière d'apporter un plus à la tradition lyrique du Djurdjura. Yacine Ouabed a, pour sa part, lu un poème en hommage à l'Algérie, Ki lyoum inchallah (Comme aujourd'hui inchallah), à travers lequel il s'en prend aussi aux arrivistes et aux faux dévots. Il a laissé place à Samir Toumi, qui, attaché à l'héritage assimi, a entamé un mcedar, Ach yesbar kalbi, avant d'enchaîner avec Fadh al wahch aliya et Ya El ghouthi balak tensani (El Ghouth est le surnom donné à Sidi Boumediène). Le public du palais de la culture Imama a réservé un accueil chaleureux à Abdelkader Chaou, qui, après un istikhbar, El kalb lel kalb, a chanté la version chaâbie de Lillah ya ben el werchane (une version popularisée par le regretté El Hachemi Guerrouabi) et Chilet laâyani de Abdelhamid Garami. En coulisses, Abdelkader Chaou a confié aux journalistes qu'il envisage de faire sortir un nouvel album. «Il y aura une dizaine de titres entre châabi et chansonnettes comme Jlibti hozni ya el bakya, Li saad saadou et Qsti maak chhal kdima. Je vais bientôt entamer l'enregistrement», a-t-il dit, évoquant le regretté poète Zerrouk Dakfali. Célèbre parolier, Zerrouk Dakfali, qui est décédé en 2006, a écrit des chansons pour, notamment, Kamel Bourdib et Abdelkader Chaou. Ce dernier a qualifié d'excellente l'initiative d'installer le nouveau Conseil national des artistes (présidé par Abdelkader Bendaâmache). «On va enfin avoir un statut, bénéficier de régimes de retraite et de sécurité sociale», s'est-il félicité. Nadia Benyoucef a fait une brève prestation en reprenant une des chansons célèbres de Fadila Dziria, Ana touiri et un des titres préférés de Abdelkrim Dali, Sifet echmaâ ouel kandil. Hamdi Benani, qui est venu sans son orchestre, a interprété en mode raml maya, Masaba akli siwa sihrou el djoufoun avant de continuer avec son immortel Bellah ya hamami et terminer par Achek mamhoun. Hamdi Benani, qui interprète le malouf, le hawzi, le mahdjouz et le medh et qui a déjà produit une quinzaine d'albums, ira l'été prochain en France et au Canada pour animer des concerts. Au Canada, Hamdi Benani chantera en duo avec Cheb Yazid. «Je regrette que la télévision passe mes récitals à 1 ou 4h du matin ! Je souhaite que le malouf et le chaâbi passent à des heures de grande écoute. Le malouf est un patrimoine national qui restera toujours vivant et qui doit être enseigné à l'école», a-t-il dit plaidant pour la rénovation de ce patrimoine. Il a déclaré n'avoir pas encore été sollicité pour participer aux célébrations du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Kamel Benani, fils de Hamdi, chanteur malouf aussi, va bientôt sortir son premier album. Après un sketch aux tonalités moralisatrices (comme d'habitude !) de Hamid Achouri, la soirée a été clôturée par un tour de chants soufis de Abdallah Menaï. Interprétant Ya bnayet al ardjoun, Menaï est allé chanter au milieu du public avant d'être prié d'une manière inélégante de terminer son show par Mourad Zirouni, un animateur qui ne veut pas évoluer dans sa manière de s'adresser aux spectateurs. La ringardise n'a pas de limites !