Les recettes du marché publicitaire en Algérie étaient de 128 millions d'euros en 2010, enregistrant un recul de 10% par rapport à 2009. La presse écrite capte plus de la moitié des recettes publicitaires, devançant ainsi les supports audiovisuels, selon Younes Grar, expert en applications mobiles et en solutions web. «Chez les citoyens et les décideurs, il y a une forte tendance à aller vers la presse écrite», estime M. Grar, interrogé par El Watan. Cependant, le marché de la publicité est réputé moins dynamique en Algérie que ceux des pays voisins. Un constat que partagent les professionnels de la publicité. M. Grar constate dans le verrouillage du champ audiovisuel l'une des raisons de ce retard. «Nous n'avons pas de chaînes de télévision comme c'est le cas au Maroc par exemple ! Ceci est synonyme de moins d'espaces publicitaires», dit-il. En outre, le caractère public de l'audiovisuel algérien, qui bride toute créativité et liberté d'expression, est pour beaucoup dans la préférence des annonceurs à s'orienter vers la presse écrite. «Il y a une forme de censure aussi. Exemple : avec le conflit qui oppose les autorités algériennes et l'opérateur Djezzy, on voit mal comment la TV publique puisse diffuser un spot Djezzy», estime encore M. Grar. Ce dernier considère que l'ouverture du champ audiovisuel donnera, certainement, un coup d'accélérateur au marché publicitaire algérien. S'agissant de la publicité sur internet, notre interlocuteur estime que ce créneau a son avenir pour plusieurs raisons, particulièrement avec l'accès au haut débit, la disponibilité de terminaux (smartphone et PC) et de sites web. Si le marché de la publicité était en stagnation en 2011 sur les médias classiques (télés, radios, presse écrite), les recettes publicitaires par contre sur supports internet ont connu une hausse de près de 30% la même année, souligne Nassim Lounes, Managing director de Media and Communication (Med and Com). Le marché de la publicité sur internet représente en Algérie un équivalent de 2 millions d'euros annuellement, contre 4 à 5 millions d'euros au Maroc. Un marché faible mais dont l'évolution demeure incontestable. Les conditions de l'essor de la publicité sur internet sont diverses : hausse du taux de pénétration d'internet, mise en place des dispositifs web, interactivité avec les internautes, mesurabilité de l'efficacité d'une campagne et prix d'achat des espaces abordables. «Le plus grand trafic se fait sur les sites de journaux francophones», précise-t-il. Au niveau de la télévision, confrontée à la rude concurrence des chaînes satellitaires arabes, l'investissement reste faible. A l'instar de M. Grar, M. Lounes soutient que la fin du monopole de l'Etat sur l'audiovisuel peut avoir «un effet boule de neige» sur la publicité. «L'offre pourrait être poussée vers le haut», prévoit-il. Par ailleurs, les 6es Journées euromaghrébines de la communication publicitaire organisées à Alger se sont soldées, hier, par le lancement de la 9e version du code consolidé de la Chambre de commerce international (ICC) sur les pratiques de publicité et de communication commerciales. Ce code a pour vocation de permettre de renforcer la confiance grâce à de bonnes pratiques de marketing et l'acceptation de l'autorégulation.