· Le Boléro de Ravel « revisité » sur scène par un chorégraphe bulgare et exécuté par les danseurs du Ballet national algérien « Même en Alaska, on connaît le Boléro. C'est une pièce très populaire », nous confiait le chorégraphe bulgare Iliev Konstantin, lundi soir dans les coulisses du Palais de la culture Moufdi Zakaria à Alger, lors de la cérémonie d'ouverture des journées nationales de chorégraphie. Des journées qui vont se poursuivre jusqu'au 3 mai. Iliev Kostantin a conçu à la demande du Ballet national algérien une danse à partir de l'œuvre majeure du compositeur français Maurice Ravel. Les danseurs du ballet se sont adaptés autant que faire se peut à cette chorégraphie néo-classique, eux qui sont habitués à des expressions moins élaborées. Le ballet national reste presque figé dans les danses folkloriques, une forme artistique parmi tant d'autres. La reprise ennuyeuse à la fin de la cérémonie de « Farha oua Zahoua » pour accompagner une vague danse algéroise est une autre illustration de cet inquiétant blocage au niveau de cette institution culturelle. Le hawzi ou le châabi algérois sont-ils à ce point dépourvus de musiques rythmées ? La danse algéroise est réduite à celle de la mariée drapée d'un voile blanc ! Iliev Kostantin s'est débrouillé comme il a pu pour amener des danseurs à suivre les articulations cassées et les variations de la danse exécutée sous le rythme invariable du Boléro (à l'origine cette musique à la mélodie circulaire a été crée pour le ballet). Sur scène, la lenteur du geste de certains danseurs était presque visible. Au regard, cela agace. Mais, on s'y habitue. Le souci existentiel de Iliev Kostantin d'opposer la force à la faiblesse, l'oppression à la liberté, la domination à l'émancipation, la douceur à la brutalité… « J'ai présenté ce soir une nouvelle conception à partir du Boléro. La vie et les sentiments internes y sont. Vous y trouvez aussi différents styles et lexiques. Pour les danseurs algériens, c'est une nouvelle manière de danser. Ils sont contents d'avoir participé », a expliquéIliev Kostantin reconnaissant une certaine difficulté au début. Iliev Kostantin a ajouté à sa pièce chorégraphique deux morceaux dont un extrait du célèbre « Flamma, flamma » du compositeur contemporain belge Nicolas Lens. Le ballet national algérien a laissé place ensuite place à des compagnies venues du Maroc, de Syrie, de Côte d'Ivoire, de Cuba et d'Espagne. La troupe ivoirienne Djiguiya, qui existe 2000 et qui se rend en Algérie pour la première fois en Algérie, a présenté un spectacle concentré de danses traditionnelles, « La terre d'espérance ». « C'est un spectacle qui évoque les 60 ethnies qui cohabitent en Côte d'Ivoire et qui parlent un seul langage. Le brassage est important. L'Algérie est un bon partenaire. Cette initiative est excellente. Elle permet de réunir les artistes africains sur la même scène», nous a déclaré, Mosso Théodore, directeur artistique de la compagnie, qui est également chorégraphe au ballet national ivoirien. La troupe Ugarit de Syrie, menée par le jeune Okba Ouakil, a présenté une pièce de Danse théâtrale. En tenue traditionnelle, certains danseurs, la mine joyeuse, évoluaient avec un nay à la main. « Ce spectacle évoque le vécu à l'époque de l'ancien Cham dans les années 1920. Epoque durant laquelle le vivre ensemble était une réalité. On célébrait les mariages ensemble, on se réunissait pour préparer des plats. Al Zaman al jamil ! », a souligné Okba Ouakil. La compagnie marocaine des arts populaires Noudjoum, que dirige Kamel Zebdi, a présenté un spectacle en deux petits tableaux, l'un inspiré de la tradition de la région des chaouiya de l'ouest du Royaume et l'autre le célèbre Reggada(L'Orchestre national de Barbès se sont inspirés pour faire le clèbre tube « Alaoui»). « Les algériens adorent le chant et la danse Reggada d'où notre choix. Nous avons voulu exprimer le bonheur qu'ont les paysans lors des saisons de moisson », a expliqué Mohamed Adnani, danseur. Sur scène, les danseurs de Noudjoum étaient vêtus en chapeau de paille, seroual et munis de faucilles. Pour rappel, la danse Alaouie de l'ouest algérien ressemblent dans les rythmes qui l'accompagnent dans le Reggada marocain. Le jeune Hector Sanchez de la compagnie espagnole Murciana était tout fier de nous parler de sa troupe. « C'est l'une des compagnies les plus connues d'Espagne. Nous faisons dans le flamenco, chant et danse », a-t-il dit. Le public nombreux du palais de la culture a réservé un accueil particulier à la troupe espagnole. Il en a été de même pour la compganie Imawaden Tuffa (« les jeunes de demain » en targui) de Tamanrasset qui a présenté la danse d'allégresse, « Tahighet ». L'Association Essaada de M'sila, le groupe de danse Alaouie de Tlemcen et la troupe de danse moderne de Idami Nouara ont été également invités à présenter des spectacles à la faveur des journées portes ouvertes sur l'art chorégraphique. Une tournée est prévue au niveau national. Une quinzaine de wilayas seront visitées. Selon Sabrina Natouri, responsable de la programmation au Ballet national, des ateliers et des conférences sont programmés au de l'Institut supérieur des métiers des arts de spectalce (ISMAS). Une conférence sera animée aujourd'hui à 10 h par le syrien Mohamed Trabelsi sur la danse au Moyen-Orient et au Maghreb. L'algérien Bahloul Brahim évoquera, pour sa part, l'écriture chorégraphique en Algérie.