L'info circule vite sur le web ; elle se répand comme une traînée de poudre via les réseaux sociaux. En deux clics, les rumeurs les plus folles sont alimentées, tout comme les scoops les plus inattendus qui peuvent tomber. Le taux de pénétration d'internet reste faible en Algérie comparé à ses voisins les plus proches (13,4% contre une moyenne de 30% pour le Maroc et la Tunisie). Mais les Algériens gagnent du terrain et sont de plus en plus nombreux à se connecter. D'après les derniers chiffres tirés du site de statistiques Social Bakers, les Algériens ont franchi la barre des 3 millions d'utilisateurs. Une réalité qui bouleverse le rapport à l'information et aux médias traditionnels surtout. D'où le succès du «journalisme citoyen» qui fait son chemin sur nos écrans ; il va même très vite depuis un an. «Le Printemps arabe nous a montré à quel point les internautes peuvent être déterminants. Nous voulons, nous aussi, devenir des acteurs du changement», souligne Younès Sabeur Chérif, l'internaute qui a eu l'audacieuse idée de lancer la page Envoyés spéciaux algériens il y a plus d'un an. Depuis, plus de 120 000 facebookeurs s'y sont abonnés. Des Algériens des quatre coins du pays s'amusent à y poster photos, vidéos et informations de proximité. Le concept est porteur. Envoyés spéciaux algériens a lancé tout récemment son propre site d'information, NessNews. Le traitement de l'information s'y fait souvent de façon approximative, mais les informations relayées par le millier de collaborateurs qui y travaillent sont souvent intéressantes. La possibilité de réagir et de commenter les petites «infos» postées sur le web est un atout majeur, même si la question de la crédibilité des nouvelles qui y circulent reste dans les esprits. Cliquer, s'informer, dénoncer puis contester «Le partage d'articles, de photos et de vidéos alimente les débats et crée souvent facilement le buzz», note un administrateur de Zawalya Club sur facebook, un groupe algérien qui rassemble 200 000 fans qui s'y expriment régulièrement. Encore une communauté où la frontière entre le simple fait de commenter l'actualité et celui de donner de l'info est très mince. «Lorsque notre équipe de foot a été attaquée au Caire, nous avons été les premiers à donner l'info, photos à l'appui», explique-t-il encore. Le site citoyen JijelInfo s'est également démarqué dans ce sens, il y a quelques jours, en donnant les nouvelles des émeutes en temps réel. Dans cette course effrénée au scoop, beaucoup d'autres groupes s'imposent. DZWikileaksDZ, qui active sur facebook, en fait partie. Comme son nom l'indique, le groupe veut surfer sur la vague des révélations «choc». Objectif : «Dénoncer pour faire bouger les choses», explique le fondateur du groupe. Pour ce jeune internaute très engagé, «le journalisme citoyen est une force qui complète la presse nationale». Mais le jeune facebookeur garde les pieds sur terre : «Ça ne remplace pas le vrai journalisme !» Le fondateur d'Envoyés spéciaux algériens pense de même, mais avoue vouloir faire de son groupe «un faiseur d'opinion et un acteur du changement». Actuellement, dans tous les groupes qui rassemblent les algériens sur facebook, la pêche à l'info fait rage. Une occasion à ne pas manquer pour les Algériens, qui revendiquent de plus en plus leur droit de participer au débat public, en attendant d'être au cœur de l'action. Parce que c'est bien cela qu'ils semblent viser !