En Algérie, pour protester, il y le pneu, les pierres, les projectiles et… Internet. La révolte des jeunes qui ébranle le pays depuis mercredi dernier a déferlé rapidement sur la Toile. Les blogueurs et les internautes sortent également leurs griffes et se joignent aux émeutiers en mettant le feu sur le réseau mondial. Du coup, le village monde a rapidement compris que dans la hutte Algérie, la révolte est en marche. Une fois encore, YouTube, première télévision populaire des Algériens, a été inondée de vidéos made in DZ. Des centaines de vidéos retraçant les faits et gestes des émeutiers algériens ont été diffusées depuis le déclenchement des émeutes en Algérie sur cette plateforme d'hébergement connue dans le monde entier. Des blogueurs n'ont pas hésité également à y publier leurs appels au soutien et à la solidarité pour mobiliser toutes les franges de la jeunesse sur la teneur de ces événements. D'autres encore ont posté des vidéos pour mettre en garde contre les dérapages et demander une autre orientation aux protestations. Quoi qu'il en soit, les internautes algériens, installés en Algérie ou à l'étranger, ont, une nouvelle fois, habillé YouTube aux couleurs de l'Algérie révoltée. Et le nombre des téléchargements ou des visionnements de ces vidéos en témoigne parfaitement. Sur facebook et Twitter, le volcan de la colère des Algériens a laissé couler sa lave. Un nombre incalculable de groupes de soutien aux protestations populaires ont été créés en un temps record. Certains groupes créés sur facebook sont devenus carrément des journaux on line de référence où les dernières nouvelles, les plus récents développements des émeutes sont publiés régulièrement. On peut citer à ce propos le groupe «les envoyés spéciaux algériens». Sur le «mur» de ce groupe, les «facebookeurs» algériens postent toute la journée des informations complètes sur les évolutions des protestations dans leurs quartiers ou communes. Ils font part aussi de leurs réflexions et analyses. Les commentaires sont légion et les propositions d'action sont minutieusement discutées et relayées. Il faut savoir qu'à l'heure où nous mettons sous presse, près de 12 000 jeunes internautes ont adhéré à ce groupe.Sur la Toile, les sites d'information en continu qui couvrent les émeutes à travers tout le pays ont vu leur fréquentation exploser depuis le début de ces protestations. Pour beaucoup d'internautes algériens, la révolte déclenchée par la jeunesse signe la fin de certaines pratiques des médias «classiques». Avides d'interactivité et désireux de contribuer eux-mêmes à la fabrication de l'information, les jeunes Algériens recourent de plus en plus à Internet pour s'informer et s'exprimer. Les sites d'information on line qui ouvrent, contrairement aux quotidiens nationaux, leurs espaces aux impressions et commentaires des lecteurs ont engrangé ainsi un énorme capital sympathie. Oppressés dans la réalité de chaque jour par des carcans sécuritaires et des conflits sociaux, Internet leur a fourni à l'occasion de ces émeutes une véritable bouée de sauvetage. Sur les vagues du web, les Algériens surfent désormais avec une dextérité hallucinante. Si l'Algérie du réel paraît terne, morne, morose et désespérée dans ses colères, celle du virtuel ne lésine jamais sur les moyens pour démontrer la créativité de sa révolte.