Deux visions, deux projets, deux postures et deux personnalités pour la France. Pendant deux heures et demie les deux finalistes du 2ème tour de l'élection présidentielle de dimanche prochain, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont affrontés mercredi soir, suivis par quelque 17 millions de téléspectateurs en France (sans compter tous ceux qui ont regardé le débat depuis l'étranger, comme l'Algérie) dans un duel musclé, sans concession et très tendu. Paris / De notre correspondante Le débat télévisé de l'entre deux tours tant attendu et minutieusement préparé a été âpre. Nicolas Sarkozy n'a pas réussi à « exploser » mercredi soir son adversaire socialiste, François Hollande, comme il s'y était engagé auprès de ses proches. C'est lui qui s'est retrouvé en difficulté et sur la défensive à plusieurs reprises. Nicolas Sarkozy a commencé par endosser son habit de président (sortant) expérimenté, face à un candidat qu'il tentait de faire passer pour un « novice » « inexpérimenté », posant lui-même des questions à François Hollande dans le but de prendre le dessus, voire de le désarçonner. Stratégie qui n'a pas été payante. Le candidat socialiste, - qui n'a à aucun moment perdu son calme ou la maîtrise de ses sujets - contre-attaque, reprend son vis-à-vis, et le met devant ses contradictions, ses contre-vérités, ses partis-pris, ses revirements notamment en matière de droit de vote des étrangers, d'immigration. Ainsi ce moment fort où lorsque le sujet du droit de vote des étrangers extra-communautaires aux élections municipales est abordé, Nicolas Sarkozy sort son couplet sur le « communautarisme », François Hollande l'interrompt : « Pourquoi laissez-vous supposer que les étrangers non communautaires, non européens, sont des musulmans ? Pourquoi vous dites ça ? Qu'est-ce qui vous permet de dire que ceux qui ne sont pas européens sont musulmans ? » Et lorsque Nicolas Sarkozy parle de réciprocité, le socialiste rétorque : « Je rappelle qu'un pays comme le Maroc accorde la réciprocité pour le droit de vote aux élections locales. Donc, même avec cette réserve, votre argument ne peut pas tenir. … Je vous fais d'ailleurs observer qu'il y a des Français qui sont de culte musulman aujourd'hui. Est-ce que ces Français là font des pressions communautaires ? » Nicolas Sarkozy finit par lâcher : « Nous ne souhaitons pas que les immigrés en France puissent voter ». Et plus loin, François Hollande affirme : « Sous ma présidence, il n'y aura aucune dérogation que ce soit à la règle de la laïcité ». Justice, redressement et rassemblement, François Hollande a ainsi présenté sa future présidence. Nicolas Sarkozy attaque : « Il y a ceux qui parlent de rassemblement et puis il y a ceux qui l'ont fait vivre ». Pointe de François Hollande : « Moi je ne distingue pas le vrai travail du faux, les syndicalistes qui me plaisent et ceux qui ne me plaisent pas, les organisations patronales (...), je n'oppose pas les salariés du privé et du public, je n'essaie pas de savoir qui est né ici depuis combien de générations, nous sommes tous Français et nous devons nous retrouver dans le même effort ». A la fin, répétant une quinzaine de fois « Moi, président de la République », François Hollande a défini ce que sera sa présidence s'il était élu, en opposition à la présidence de Sarkozy. Nicolas Sarkozy a clairement appelé les électeurs du Font national, du MoDem et les abstentionnistes à voter pour lui dimanche prochain.