Tizi Ouzou renouera aujourd'hui avec l'ambiance électorale à l'occasion de la convocation des élus locaux pour le vote des deux représentants de la wilaya au Conseil de la nation. Trois partis politiques convoitent les deux sièges, en présentant, chacun, deux candidats parmi leurs élus issus des élections partielles de novembre dernier. Rachid Arabi et Mohand Akli Semoudi pour le RCD, Amokrane Slacel et Ahmed Belhadj pour le RND et Slimane Kerrouche et Ali Lanasri pour le FLN. Pour sa part, le FFS, relativement majoritaire au sein des assemblées locales, avec 203 élus, a opté pour le boycott de cette échéance qu'il considère comme « une nouvelle étape dans la singularisation de la Kabylie et un moyen par lequel les décideurs tentent de donner un semblant de vie institutionnelle pour camoufler la vacance de la première instance du pays ». Le RCD, le FLN et le RND qui briguent les deux sièges du Sénat comptent au sein des assemblées locales de la wilaya respectivement, 150, 136 et 78 élus sur un total de 656 élus. Tenant compte du fait qu'aucun de ces trois partis ne détient une majorité absolue au sein des assemblées de Tizi Ouzou et qu'aucune alliance n'a pu être tissée entre deux formations, toutes les conditions semblent réunies pour faire des sénatoriales d'aujourd'hui une élection « serrée ». Après moult spéculations autour des probables alliances qui ont alimenté la chronique locale ces deux dernières semaines, finalement chaque parti en lice ne peut compter que sur ses propres élus. Loin des feux de la rampe, le potentiel de voix que présentent les indépendants, le PT et le MSP avec respectivement 76 élus, 15 élus et 3 élus, est courtisé par les prétendants aux sièges de la 2e chambre du Parlement. Les assurances que le FLN n'a pas cessé de marteler sur un prétendu consensus autour de ses candidats avec les indépendants et son partenaire au sein de l'Alliance présidentielle, le RND, se sont avérées sans fondement. Les premiers (les indépendants) préfèrent donner leurs voix selon les convenances individuelles de chaque élu puisque ce groupe d'élus n'a à aucun moment fait signe de convergence sur une des listes de candidature. Le RND, pour sa part, a mis fin aux allégations du parti de Belkhadem en optant pour la participation à cette course. Ainsi, le FLN ne peut compter officiellement que sur les voix de ses 136 élus. Ce constat se confirme davantage à partir du moment où l'ex-parti unique refuse de confirmer les commentaires laissant entendre que le boycott est une stratégie pour le FFS de « récompenser » le FLN qui l'a appuyé pour la détention de la présidence de l'APW. Au RCD, la tendance est à l'optimisme. Le retrait du FFS semble profiter beaucoup plus au parti de Saïd Sadi. Cela a été confirmé, hier, par Boussaâd Boudiaf, président du bureau régional du parti, estimant que « le boycott du FFS est avantageux pour nos candidats dans les deux cas possibles : si les élus du FFS boycotteront réellement les urnes, arithmétiquement l'avantage est au RCD avec ses 150 élus. La deuxième hypothèse, dans le cas où les élus du FFS participeront à cette élection, beaucoup de leurs voix iront à nos candidats eu égard à la sympathie dont jouit le RCD au sein de la base du FFS ». Outre le FFS, le parti de Saïd Sadi, lui aussi, compte sur les voix des indépendants. A cet égard, M. Boudiaf a affirmé que plusieurs élus indépendants ont promis leur voix au RCD. Par ailleurs, au moment où un climat d'adversité entre les partis en lice marque ce scrutin des grands électeurs, l'opinion publique se demande unanimement quelle sera l'utilité de ces deux parlementaires sachant que le Sénat, lui-même, est réduit à une pure « chambre d'enregistrement ».