C' est toute la montagne qui s'écroule progressivement sous forme de boue depuis quelques jours déjà, mettant ainsi en danger la vie de plusieurs centaines d'habitants des deux villages d'Aït-Aïssa-Ouyahia et de Souk El-Had, au chef-lieu de la commune d'Illiltène, dans la wilaya de Tizi Ouzou. On parle déjà de plus de 70 familles qui ont quitté leur demeure face à cette menace. Un vent de panique s'est emparé des habitants, déjà sous le choc, qui se sont réfugiés dans d'autres villages limitrophes tels que Taourirt-Ihaddadène ou encore vers le centre de soins du village et le centre culturel du chef-lieu communal alors que des particuliers ont ouvert leurs portes pour accueillir de nombreuses familles. Hier matin, la plupart des habitants du chef-lieu ont quitté leur domicile car la menace de la catastrophe est présente dans tous les esprits. “Nous préférons quitter les lieux par précaution car c'est toute la montagne qui risque de s'écrouler dans les prochaines heures. En haut de la montagne, l'énorme masse de terre qui s'accroche encore au vide risque de se détacher à n'importe quel moment et menace d'ensevelir tout le chef-lieu communal”, nous dira un habitant visiblement choqué par cette situation périlleuse. Hier dans la matinée, une quantité gigantesque de gadoue, mélangée à des troncs d'arbre et de pierres, a bloqué le CW253, au niveau du pont d'Aït-Aïssa-Ouyahia, obstrué par cet amas de limon qui emprunte actuellement la route menant vers le chef-lieu, en suivant la rivière dont le lit s'élargit davantage sous l'effet d'une forte coulée de boue qui emporte tout sur son passage. Depuis trois jours, les villageois assistent impuissants à ce déchaînement de la nature jamais observé dans la région. C'est ainsi que le président de l'APC d'Illiltène nous déclarera que “nous avons averti la population dès les premières heures qui ont précédé cette catastrophe pour procéder aux premières évacuations, notamment pour les habitations longeant l'oued qui traverse le chef-lieu d'Illiltène. Puis, nous avons décidé depuis jeudi soir d'inviter le reste de la population du centre d'Illiltène à quitter les lieux face à la menace qui s'accentue davantage”. Hier encore, la coulée de boue continuait à se déverser dans la nature à une vitesse phénoménale. L'on peut même entendre de loin le bruit fracassant des arbres qui sont littéralement arrachés sous l'effet du poids de cet amas de boue considérable, ce qui ne fait qu'accentuer la psychose de la population locale qui craint désormais le pire face à la gravité de la situation. Des gardes de nuit et des rondes sont même organisées par les citoyens bénévoles qui suivent de près la propagation du liquide boueux afin de donner l'alerte à tout moment en cas de force majeure. Alors que des champs entiers d'arbres fruitiers et que le réseau d'alimentation en eau potable ont été complètement dévastés, la population est privée d'eau potable depuis mardi passé. Dans une lettre adressée au wali de Tizi Ouzou, le maire d'Illiltène a attiré l'attention du premier magistrat de la wilaya sur “la gravité de cette coulée de boue provenant de la montagne au pied du mont d'Azrou n'Thor et qui emporte tout sur son passage pour mettre ainsi en danger toutes les habitations et les infrastructures publiques de la commune notamment le lycée, le CEM, l'école primaire du village Aït-Aïssa-Ouyahia, tout comme celle de Souk El-Had sans oublier les ponts et les voies carrossables”, lit-on dans ce courrier. “Nous avons procédé aux premières évacuations, nous attendons actuellement les services de la wilaya pour faire le diagnostic de la situation et prendre les mesures qui s'imposent”, conclut le maire d'Illiltène. Les autorités locales ont également lancé un appel à la population pour s'éloigner des lieux qui représentent un danger certain alors que les élèves des écoles d'Aït-Aïssa-Ouyahia et du chef-lieu communal sont aussi libérés jusqu'à un retour à la normale. Des citoyens, que nous avons rencontrés sur place, exigent une intervention urgente des pouvoirs publics contre une région livrée à elle-même quand bien même des techniciens ont été dépêchés hier par la wilaya pour étudier la possibilité de construire des digues à la hâte, ne serait-ce que pour tenter de détourner cette coulée de boue engendrée certainement par les fortes chutes de neige qui se sont abattues sur la région durant cet hiver. Toujours est-il que la population de la commune d'Illitène vit des heures d'angoisse car la menace d'autres éboulements plus graves n'est pas à écarter surtout que les localités d'Azazga et de Aïn El-Hammam ont été durement affectées cette année encore par de graves affaissements de terrain et que la route menant d'Azeffoun à Béjaïa a été coupée cette semaine à la circulation au niveau de la commune de Béni K'sila en raison d'un autre affaissement de terrain qui a obstrué toute la chaussée. Ce qui a amené la DTP de Béjaïa à terrasser une piste de contournement pour désenclaver toute cette région maritime. K.T.