Abdelkader Zerrar lutte contre la maladie dans l'indifférence générale. Peu de personnes, à part ses proches, se soucient de sa santé déclinante. Reclus chez lui à Mohammadia depuis des années, il fait face avec dignité aux vicissitudes de la vie, lui qui a été un excellent joueur et grand entraîneur de football. Natif de Dellys, Abdelkader a toujours eu la passion du ballon rond. Après un début de carrière en Algérie, jeune étudiant, il a posé son sac de sport à Hammam Lif (Tunisie). C'est là au sein de ce club, présidé par le fils du dey de Tunis, le prince Salah Eddine Bey, que Abelkader Zerrar a évolué, aux côtés d'autres Algériens, Krimo Rebih, Haddad, Hamoudi … Au milieu des années 1950, il a fait partie de l'équipe de l'ALN, qui, pendant deux ans (1956-1957), disputa plusieurs matches internationaux. Cette formation de l'ALN est née bien avant celle du FLN, qui a pris par la suite le relais. Lorsque fut lancé le premier championnat national, Abdelkader Zerrar a rejoint le CRB, où il joua aux côtés de Lalmas, Nassou, Hamiti, Djemaâ, Achour, Kalem… des figures de légende du grand Chabab. Deux années plus tard, il a signé au RC Kouba, qui venait de perdre une finale de coupe d'Algérie contre le CRB, dont il était l'un des joueurs au milieu de terrain. A Kouba, il côtoya Boualem Amirouche, les frères Aït Chegou, le défunt Aouissi, Meliani, Naneche, Hammadouche … Parallèlement à sa carrière de joueur, il exerçait la fonction de professeur d'éducation physique et sportive dans un grand lycée d'Alger (Emir Abdelkader). Une fois sa carrière de footballeur achevée, il embrassa celle d'entraîneur. Il avait tous les diplômes requis pour la fonction. Il a même effectué un stage à Leipzig, en ex- RDA. Il a connu sa première consécration comme coach avec le RCK, qu'il mena au titre de champion d'Algérie en 1981, avec les Assad, Safsafi, Sebar, Boumaraf, Kaboul, Teldja, Taleb, Khaouni, Ouramdane, Hamada, Bouzama, pratiquement tous de purs produits de l'école du RCK. La suite sera moins heureuse, notamment après le terrible accident de la circulation survenu le 12 février 1987 dans la localité de Aïn Lahdjal, où le RCK a perdu huit joueurs et quelques accompagnateurs, alors que le bus transportant la délégation se dirigeait vers Ouargla où le RCK devait affronter l'équipe locale. Abdelkader Zerrar figurait parmi les blessés. Depuis ce jour fatidique, il n'a plus retrouvé ses moyens. D'hôpital en soins, en passant par de lourdes séances de rééducation aux promesses de prise en charge, la vie de Abdelkader Zerrar a été bercée d'espoir et de profondes déceptions. Cet ex-footballeur exemplaire, coach de qualité, moudjahid engagé, homme pieux et intègre, mérite mieux que l'indifférence générale dans laquelle l'ont drapé les mémoires oublieuses du sport et du football algérien. Durant toute sa vie, il n'a eu cesse de faire du bien à autrui. Il en sera récompensé ailleurs. De ce monde il en a désespéré.