Invité du Club Excellence Management et du MDI-Alger, mercredi dernier, Mourad Medelci, ministre des Finances, a été, pour le moins que l'on puisse dire, très peu loquace sur la très attendue réforme du système financier algérien, sans doute le plus archaïque des pays méditerranéens. Rien de plus que le peu de choses que l'on sait des quelques applications d'une réforme bancaire qui tarde à se mettre en œuvre n'a filtré de la conférence de notre argentier, qui a même pris le soin de se prémunir contre d'éventuels dérapages en se limitant à la lecture d'un document préalablement rédigé. De son discours, on retiendra seulement que l'Algérie serait en phase de parachèvement des réformes bancaires et financières, que le nouveau dispositif de gouvernance des banques publiques par des administrateurs professionnels est déjà opérationnel et que le système de paiement et de sécurisation bancaires est en phase de modernisation avancée. Ce sont évidemment des affirmations auxquelles les chefs d'entreprises et encore moins les simples usagers des banques publiques ne croient pas, habitués qu'ils sont aux tracasseries bureaucratiques, au mauvais accueil et à l'encombrement permanent des guichets des banques qui n'ont absolument rien changé à leurs vielles méthodes archaïques. Même l'acquisition de matériels informatiques semble avoir été faite pour ralentir et compliquer encore davantage leurs prestations courantes . A titre d'exemple, alors qu'au début des années 1990 les banques calculaient les intérêts produits par les livrets d'épargne en moins d'une semaine, aujourd'hui les banques, pourtant mieux outillées sur le plan informatique, prennent entre 5 et 6 mois pour effectuer ces calculs. On se souvient également qu'en ce temps-là le renouvellement d'un chéquier ne prenait que quelques minutes, alors qu'aujourd'hui il vous faut attendre 3 mois et plus. L'ouverture d'un compte courant et encore moins d'un compte devises relève du parcours du combattant alors qu'il était il y a quelques années très facile de le faire. Autant de tristes réalités vécues au quotidien par les usagers des banques qui confirment que rien de vraiment sérieux n'a changé positivement et que bien au contraire, on assiste à une certaine régression au niveau de la qualité du service. Ce qui aurait pu réellement changer les choses n'a malheureusement pas encore été entamé. Il s'agit de la privatisation ne serait-ce que de quelques banques publiques que l'on évoque depuis plus d'une dizaine d'années, mais malheureusement restée au stade de déclaration d'intention. L'ouverture du capital du CPA serait, dit-on, prochainement engagée sous la conduite de la banque d'affaires Rostchild et qu'une autre banque publique ainsi qu'une société d'assurances suivront juste après ; mais là aussi, on préfère voir pour croire, tant ces promesses récurrentes de privatisation annoncées à grand renfort médiatique, furent maintes fois ajournées. En attendant la mise en œuvre du train de réforme qui avance à pas très lents, il faut se rendre à l'évidence que les banques publiques continuent à accaparer plus de 90% de l'activité bancaire algérienne, ce qui revient à dire qu'on est encore sous régime de monopole même si quelques banques privées, surtout étrangères, sont effectivement présentes. Les questions posées au conférencier portaient surtout sur la convertibilité du dinar, le rapprochement des taux de change au marché parallèle avec ceux appliqués par les banques, l'ouverture de guichets de change courant et à terme, les transferts concernant les prestations de services, autant d'interrogations qui relèvent en réalité de la seule compétence de la Banque d'Algérie à laquelle Mourad Medelci a suggéré qu'on les adresse.