La majorité des syndicats autonomes, notamment ceux du secteur de l'éducation, a été déçue par le discours prononcé jeudi dernier par le président de la République à l'occasion de la commémoration du 50e anniversaire de la création de la centrale syndicale. M. Sadali, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (SATEF), a qualifié les propos du premier magistrat du pays de « décevants, surtout dans la partie du discours consacrée aux salaires ». De son avis, les travailleurs, qui attendaient en toute légitimité l'annonce par M. Bouteflika d'une augmentation salariale, ont finalement subi une véritable douche froide. Les travailleurs, dit-il, sont sommés encore une fois de prendre leur mal en patience. M. Sadali est persuadé que tout le monde du travail a pris acte que pendant que les vrais syndicalistes, dignes héritiers du combat de Aïssat Idir et dignes représentants de l'Algérie active sont traînés devant les tribunaux et subissent les affres de la répression, « les représentants de l'Algérie festive s'adonnent à un spectacle ubuesque ». Loin de cette ambiance surréaliste, le SATEF persiste et réaffirme que tout projet de réconciliation ou pacte social qui ne pose pas comme premier postulat une répartition équitable de la richesse nationale ne sera qu'une autre chimère dans un pays qui a plus que jamais besoin de sérieux et de responsabilité. De son côté, M. Osmane, porte-parole du Conseil des lycées d'Alger (CLA), a indiqué que le président de la République a confirmé, contre toutes leurs attentes, la position du chef du gouvernement dans son argumentation développée par rapport à la impossibilité d'augmentation de salaire. M. Osmane juge toutefois que les justificatifs avancés à cet effet par le premier magistrat du pays sont contestables. « A ma connaissance, ce ne sont pas les salariés qui ont contracté la dette. Les grands projets relatifs au développement du pays ne peuvent se réaliser que s'ils sont accompagnés du savoir dont nous sommes les porteurs », a affirmé M. Osmane, qui s'interroge sur l'utilité de la tripartite du moment que le chef de l'Etat a plaidé pour la non-augmentation des salaires. Les déclarations de M. Bouteflika confortent la position du CLA. « Les salariés doivent rendre visible leur mécontentement, car les pouvoirs publics ne sentent pas qu'il y a une dévalorisation du pouvoir d'achat des travailleurs et que la nécessité d'un rattrapage salarial s'impose », ajoute le porte-parole du CLA qui ne comprend pas l'objectif de l'appel du président de la République au maintien du dialogue entre le gouvernement et le syndicat. « Pourquoi un dialogue si d'ores et déjà nous savons qu'il ne peut y avoir d'augmentation de salaires ? Néanmoins, cette situation nous incite à maintenir à notre tour la pression et nous continuerons notre combat », a-t-il souligné. Quant à M. Ider, premier responsable de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (UNPEF), il a fait une lecture différente du discours du président Bouteflika qu'il qualifie de positif. « M. Bouteflika a ordonné au gouvernement et aux membres de la tripartite de prendre en charge les doléances des travailleurs dans les plus brefs délais. Le Président a utilisé la diplomatie pour solutionner le problème », a expliqué notre interlocuteur, qui se réjouit du fait que M. Bouteflika a évoqué pour la première fois les partenaires sociaux. « Le président a repris, certes, les déclarations du chef du gouvernement relatives à la non-augmentation des salaires dans le contexte économico-politique, mais il y aura impérativement une augmentation dans le cadre de la tripartite. Nous sommes confiants”, a soutenu M. Ider. Par ailleurs, M. Bekhouche, du SETE (UGTA de Béjaïa), estime que l'UGTA n'est pas dans une position de force pour entamer des négociations avec le gouvernement. De l'avis de M. Bekhouche, « l'augmentation des salaires est une revendication que les travailleurs doivent arracher ». « Nous refusons les miettes et l'UGTA n'est pas en mesure d'arracher une augmentation conséquente. C'est pour cette raison que nous devons continuer le combat pour atteindre nos objectif », explique notre interlocuteur qui relève que l'augmentation des salaires s'impose en ce moment et en cette période où le pays vit une embellie financière.