La pénurie d'imprimés et l'absence d'un directeur des mois durant sont les deux principales raisons de ce cumul. Le nombre de diplômes non signés aurait atteint 12 000 certificats au niveau de la direction de la formation professionnelle de Béjaïa (DFP), selon des indiscrétions dans le secteur, et ceci concerne les ex-stagiaires qui ont terminé leur formation pendant la période allant de 2008 à 2012. La pénurie d'imprimés et l'absence d'un directeur des mois durant sont les deux principales raisons de ce cumul. Interrogé à ce sujet, le directeur par intérim de la DFP, M. Ouabbas, admet «qu'il y a un petit retard constaté depuis 2008» tout en estimant le chiffre avancé par nos sources trop exagéré. «Après ma désignation comme directeur, j'ai tout de suite demandé à ma tutelle de me déléguer une signature» nous dit M. Ouabbas. Et de poursuivre : «3 570 diplômes, toutes spécialités et niveaux confondus, ont été signés au mois de mars dernier et 11 000 certificats vierges ont été ramenés en dernier quotas.» Notre interlocuteur promet que «d'ici la fin du mois en cours, tous les diplômes en instance seront signés.» Mais, il y a un hiatus profond entre les engagements de la DFP et le calvaire que vivent des milliers d'ex-stagiaires. «J'ai réussi à un concours de recrutement au sein d'une banque mais je n'ai pas pu être embauché parce que je n'ai pas mon diplôme» raconte, avec colère, un titulaire d'un BTS en commerce international. Plus étonnant encore, lorsque l'employeur potentiel a voulu vérifier la véracité des renseignements fournis par le candidat concernant ses qualifications, l'administration de l'INSPF de Béjaïa a répondu par la négative. D'autres ont vu leurs dossiers à l'ANSEJ et à l'ANGEM suspendus, car leurs attestations provisoires de fin de stage ne sont plus en cours de validité. «Certains dossiers de délivrance d'un diplôme nous sont réexpédiés deux ans plus tard pour une simple erreur dans la fiche de contrôle» raconte un employé au bureau chargé des diplômes, dans l'un des centres de formation professionnel de la wilaya. «J'ai convoqué des ex-stagiaires pour venir récupérer leurs diplômes. Malheureusement, certains n'ont pas pu le faire parce qu'ils ne sont plus de ce monde» témoigne, désolé, l'administrateur. Rejetés Rencontrée sur place, une jeune fille vient réclamer son diplôme pour la énième fois. La bureaucratie n'est pas le seul obstacle pour cette ex-stagiaire. La DFP a rejeté son diplôme à cause du niveau d'accès requis pour sa spécialité. «Je me suis inscrite à un stage en 2007, en justifiant mon niveau scolaire par un certificat d'inscription en deuxième année secondaire à l'enseignement à distance. Après 24 mois de formation et après avoir réussi ma formation en comptabilité, l'administration m'exige un certificat de scolarité» témoigne-t-elle. Comme elle, des centaines d'autres ex-stagiaires, des apprentis notamment, espèrent avoir un jour leurs diplômes. Il y aurait 145 cas seulement, d'après le directeur de la DFP. Ce dernier nous informe «qu'il s'agit d'un problème national et que sa direction attend des instructions du ministère afin de prendre en charge cas par cas la liste des concernés, dont une copie a été envoyée à Alger.» «Est-ce maintenant qu'ils vont statuer sur ces cas ? Cela veut-il dire qu'il y aura des gens qui n'auront pas leurs diplômes ? Pourquoi n'ont-ils pas pensé au niveau d'accès avant de faire perdre des années aux stagiaires ?» s'inquiètent des concernés en s'interrogeant sur leur avenir. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'une instance à la DFP vérifie les PV d'entrée des stagiaires par rapport au niveau d'accès pour la spécialité demandée.Nos sources racontent que certains ex-stagiaires demeurent sans diplôme depuis une décennie. Un groupe d'ex-stagiaires en BTS travaux publics aurait même entamé des démarches auprès du tribunal administratif de Béjaïa avant qu'ils règlent la question à l'amiable avec la DFP qui s'est résignée à signer leurs diplômes. Lors d'une session ordinaire de l'assemblée populaire de wilaya, le wali avait même sommé la DFP de remédier à la situation, mais c'est apparemment resté sans suite.