Préparé de longue date, le séminaire international « Nour El Islam », qui se tient dans la superbe ville de Montepulciano, à 200 km au nord de Rome, est rattrapé par l'actualité. Longuement couverte par la presse italienne, cette rencontre, qui réunit des religieux, journalistes, experts, sociologues, intervient dans un contexte marqué par les turbulences engendrées par la publication des caricatures danoises. Les débats ont permis d'analyser la nature de la crise qui oppose l'Islam à l'Occident, mais aussi d'appréhender les conflits complexes et parfois dramatiques que vivent les pays musulmans. La journée de jeudi a été marquée par des débats intenses sur les relations entre l'Islam et le terrorisme. Les organisateurs ont fait appel à des personnalités d'horizons divers. Le directeur du quotidien El Watan, Omar Belhouchet, est longuement intervenu, en début de travaux, pour situer les conditions historiques, politiques et sociales qui ont favorisé l'apparition de l'Islam politique en Algérie et l'émergence d'une multitude de groupes armés terroristes à partir du FIS. Cet exposé a donné lieu à beaucoup de questions des participants à ce séminaire, montrant tout l'intérêt que portent encore les Italiens à l'évolution de la situation en Algérie. Gilles Kepel, spécialiste de l'Islam, a décrit la nébuleuse terroriste internationale, cristallisée par Al Qaîda et ses ramifications dans un certain nombre de pays. Mustapha Akyal, expert turc, a évoqué l'évolution de l'Islam dans un contexte de crise, en traçant les contours de l'expérience de son pays. Le professeur Tahar Absi, de l'université d'Alger, s'est attaché à faire connaître d'autres visages de l'Islam, méconnus des Européens, l'Islam de la paix, de la tolérance, du respect des autres croyances. L'autre table ronde de la journée a été consacrée à « L'Islam et la guerre ». Des Italiens de confession musulmane, notamment Mohamed Nour Dachan (président Dell'Ucolli) et Ilham Delah Chiara Pallavicini (secrétaire générale del Coreis), ont proposé, avec ferveur et passion, des lectures diamétralement opposées de la pratique de l'Islam, la première nettement plus conservatrice que la seconde. Ces deux responsables d'organisations musulmanes convergent sur un point, en réclamant une plus grande reconnaissance par les pouvoirs publics italiens de l'identité musulmane dans ce pays. Le sociologue d'origine algérienne K. Fouad Allam a situé les fractures qui caractérisent le monde musulman. Il a également plaidé, avec beaucoup de pertinence, comme d'autres intervenants durant toute la journée, pour une réforme de l'Islam, en mesure d'adapter cette religion au monde contemporain. Les débats ont fait ressortir la forte nécessité et surtout l'urgence d'instaurer un dialogue entre les Européens et les musulmans, pour mettre fin aux incompréhensions, isoler les attitudes provocatrices et arrêter les querelles qui, parfois, prennent des tournures dramatiques. Les débats de la deuxième journée ont été consacrés au dialogue interreligieux. Celle d'aujourd'hui verra la participation, entre autres, de Soheib Bencheikh, le grand mufti de Marseille.