Le pèlerinage juif annuel à la Ghriba a commencé hier sous haute sécurité dans la plus ancienne synagogue d'Afrique sur l'île tunisienne de Djerba (sud), après avoir été suspendu en 2011 en raison de l'insécurité post-révolution. Les visiteurs, parmi lesquels ne figurait aucun Israélien, ont convergé dès la fin de matinée vers le lieu de culte gardé par des renforts de la police, de la gendarmerie et de l'armée, déployés aux abords et dans les quartiers juifs, ainsi que dans les hôtels de l'île touristique, à 500 km au sud de Tunis. Le dispositif de sécurité déjà important au pèlerinage depuis l'attentat meurtrier contre la synagogue en 2002 a encore été renforcé cette année, a indiqué le président de la Ghriba et chef de la communauté juive de Djerba, Perez Trabelsi. Cinq cents juifs, venant essentiellement d'Europe, devaient participer durant deux jours au pèlerinage, aux côtés d'un millier de Tunisiens de confession juive, a précisé à la presse Perez Trabelsi. Aucun ressortissant israélien n'a fait le déplacement en raison d'une mise en garde d'Israël, jugée «déplacée» par M. Trabelsi. Jeudi dernier, le Conseil israélien de sécurité nationale (CNS) avait «déconseillé fortement» aux ressortissants juifs de se rendre à Djerba, affirmant que des activistes planifiaient des attentats visant des cibles israéliennes ou juives. Le ministère tunisien de l'Intérieur a aussitôt réagi, assurant que la sécurité est garantie aux pèlerins sur tout le territoire «grâce aux efforts des forces de l'ordre et de l'armée». Regrettant la mise en garde d'Israël qu'il a jugé «totalement déplacée», le président de la Ghriba a affirmé que «de nombreux Israéliens avaient programmé de venir mais ont renoncé à cause du battage fait en Israël». «Qu'ils soient là ou pas, les Israéliens verront bien que nous avons réussi à renouer avec le pèlerinage. C'est cela qui sera déterminant pour l'avenir», a dit M. Trabelsi. En janvier dernier, des salafistes avaient proféré des menaces contre les juifs et scandé des slogans antisémites, lors de la visite du chef du gouvernement palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Des incidents de ce type se sont répétés ensuite. Soucieux d'apaiser les esprits, Moncef Marzouki a effectué la première visite d'un président tunisien à la Ghriba pour commémorer avec la communauté juive de Djerba le 10e anniversaire de l'attentat du 11 avril 2002. Un déplacement qualifié d'«exceptionnel» par cette communauté qui a parlé d'un «retour de la confiance».