Une lame, visible par satellite, constituée de déchets, de près de 3,5 millions de kilomètres carrés, une fois et demie la taille de l'Algérie, Sahara compris, flotte dans le nord-est du Pacifique, entre la Californie et Hawaï. Selon une fondation américaine qui observe ce «nouveau continent» depuis 10 ans, ces déchets, qui proviennent des littoraux et des navires, flottent pendant plusieurs années avant de s'amasser poussés par les courants marins. Certains déchets tourbillonnent depuis plus de 50 ans dans cette zone à l'écart des routes commerciales, selon l'observatoire américain. La taille de cette «Plaque de déchets du Pacifique», constituée en fait de deux plaques distinctes, aurait triplé de taille depuis les années 1990. Son poids avoisinerait aujourd'hui 3,5 millions de tonnes et elle contiendrait entre 750 000 et 1 000 000 débris par kilomètre carré. C'est un continent de plastique, indique un rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) qui précise qu'on trouve en moyenne 46 000 morceaux de plastique par 2,5 km2 d'océan sur une profondeur d'environ 30 m. Il ressemble davantage à une «soupe de plastique» faite de macrodéchets et de petits morceaux de plastique qui se sont fractionnés. Aujourd'hui, les plastiques constituent 90% des déchets flottant sur les océans. En certains endroits, la quantité de plastique dans l'eau de mer est jusqu'à 10 fois supérieure à celle du plancton, qui contient les microorganismes capables qui digèrent les déchets, mais pas avec une concentration aussi élevée. C'est un continent mortel, selon Greenpeace. Il faut entre 500 et 1000 ans pour la dégradation des plastiques sans omettre leur toxicité. Sur les 100 millions de tonnes produites dans le monde chaque année, 10% arrivent dans les océans, dont 70% coulent. Toujours selon Greenpeace, 1 million d'oiseaux et 100 000 mammifères marins meurent chaque année de l'ingestion de plastique. L'exemple le plus classique étant la tortue qui s'étouffe avec des sacs plastiques qu'elle prend pour des méduses. 1 poisson sur 10 ingère du plastique dans le Pacifique Nord, soit 24 000 t de plastiques mangées, car confondus avec le plancton. Au total, plus de 267 espèces marines seraient affectées par cet amas colossal de déchets, selon le rapport de Greenpeace.