L'échange de lettres auquel viennent de procéder Palestiniens et Israéliens n'est même plus en mesure d'entretenir la moindre illusion, Israël détruisant systématiquement toute approche constructive qu'il avait pourtant acceptée. En l'état actuel des choses, l'espoir de paix, même à moyen terme, est pour ainsi dire nul. Mais à l'inverse, le risque de voir la situation se dégrader devient chaque jour plus grand. En fait, c'est encore et toujours la politique israélienne de colonisation qui en est la cause, en réduisant chaque jour l'étendue territoriale supposée contenir un jour un Etat palestinien. Un jeu macabre et dangereux à la fois, en chassant les Palestiniens de leurs terres et de leurs moyens de subsistance, autant dire de survie, l'ONU ayant démontré le chantage alimentaire auquel se livre Israël. L'auteur du rapport, l'universitaire suisse Jean Ziegler, en a établi les mécanismes et dévoilé les objectifs recherchés. Rien n'a empêché la poursuite de cette politique, comme le prouvent différents rapports. Ainsi, vient-on d'apprendre, Israël a démoli en 2011 des dizaines de maisons palestiniennes, des citernes et des infrastructures agricoles financées par des fonds européens et 110 autres structures sont menacées.C'est la conclusion de l'enquête réalisée par des ONG locales et internationales et supervisée par le Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha). Ou encore que «les démolitions par Israël des infrastructures hydrauliques ont augmenté à un rythme alarmant cette année», et que «le prix le plus fort est payé par des hommes, des femmes et des enfants vulnérables dont les droits sont violés lorsqu'ils sont privés d'eau». Il est également rappelé que «le déplacement des Palestiniens sous occupation est contraire aux Conventions de Genève», celles-là mêmes qu'Israël n'a jamais respectées, sans que la communauté internationale ne cherche à lui rappeler de telles obligations, le conflit du Proche-Orient n'étant pas réglé. L'autre volet des négociations israélo-palestiniennes, quand elles ont lieu, a trait aux prisonniers palestiniens qui viennent de rappeler leur existence et leur lutte en menant une dure grève de la faim. A ce sujet, le rapporteur spécial de l'ONU pour les droits de l'homme dans les Territoires palestiniens occupés, Richard Falk, s'est déclaré tout récemment «écœuré par les violations continues des droits de l'homme dans les prisons israéliennes». L'universitaire américain qu'Israël avait empêché d'accéder dans les territoires palestiniens même en qualité d'envoyé spécial de l'ONU a appelé lui aussi Israël «à respecter les obligations internationales en matière de droits de l'homme à l'égard des détenus palestiniens». Cet homme aux positions courageuses et à qui l'ONU maintient son mandat en dépit des obstacles israéliens rappelle que depuis 1967 «quelque 750 000 Palestiniens, dont 23 000 femmes et 25 000 enfants, ont été en détention dans les prisons israéliennes, soit approximativement 20% du total de la population palestinienne des territoires occupés». Qui pourra faire pire, se demande-t-on alors. Quant aux prisonniers palestiniens, ils réclament l'abolition de l'isolement carcéral et de la détention administrative, une disposition héritée du mandat britannique sur la Palestine qui permet l'incarcération sans inculpation ni jugement de suspects pour des périodes de six mois renouvelables indéfiniment, sans que là aussi, cela suscite la moindre réaction internationale. C'est ce qui explique le blocage de tout processus de paix sérieux, malgré la persistance de la direction palestinienne à vouloir en éprouver encore une fois les limites. L'OLP vient ainsi de constater que la lettre du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, au président palestinien, Mahmoud Abbas, ne permet pas de reprendre les négociations de paix. Le président palestinien avait appelé Israël à reprendre les négociations de paix sur la base des lignes d'avant juin 1967, avec des «échanges de territoires mineurs et mutuellement agréés», et du gel total de la colonisation. Tout est faux, Israël refusant la paix.