La montée au créneau des travailleurs de Simpral est justifiée par le refus de la direction d'accorder la prime de bénéfice versée généralement à la fin de chaque année. Une quarantaine de travailleurs de la Société d'impression d'Alger (Simpral) ont observé, hier, un sit-in devant le bâtiment abritant cette imprimerie à Alger. Les travailleurs, explique Youcef Yaakoubi, chargé de l'organique du syndicat d'entreprise affilié à l'UGTA, «refusent de payer les frais de la gestion politique de la société». Les protestataires expliquent que «la situation financière que la direction présente comme étant difficile résulte de la transgression de toutes les règles commerciales et de compétitivité qui devraient réglementer tout établissement à caractère économique». «Plusieurs journaux, des quotidiens notamment, n'ont pas honoré leurs dettes résultant des factures d'impression de leurs titres depuis des années. Ces impayés mettent en difficulté la situation de notre entreprise», dénonce M. Yaakoubi. Et un de ses collègues d'enchaîner : «Il y a des journaux qui ont des factures totalisant jusqu'à 17 milliards de centimes qui ne sont pas encore réglées, mais continuent de profiter des prestations de Simpral, sans se soucier d'honorer leur dû.» «Cela relève beaucoup plus de l'incompétence de nos responsables et de la mauvaise gestion», clame un groupe d'ouvriers. Le syndicat endosse la responsabilité de la situation financière «en difficulté» aux privilèges dont jouissent certains journaux qui bénéficient toujours du service d'impression sans payer leurs factures. L'entreprise a à maintes reprises décidé d'appliquer les règles commerciales, à savoir arrêter l'impression des titres des mauvais payeurs, mais la direction se résigne à chaque fois à fermer les yeux, d'où ces factures en attente de payement», explique M. Yaakoubi, en citant plusieurs journaux endettés. La montée au créneau des travailleurs de Simpral – qui compte près de 80 employés entre commerciaux, techniciens et ouvriers – est justifiée par le refus de la direction d'accorder la prime de bénéfice versée généralement à la fin de chaque année. «La direction évoque les conditions matérielles que nous rejetons en bloc», soutiennent les protestataires qui menacent de radicaliser leur mouvement de protestation si cette prime est annulée. Les conditions de travail et les salaires sont également les raisons de la colère des travailleurs. Pour Mohamed Aissiouane, PDG de Simpral, la décision de la suppression de la prime de bénéfice a été décidée par l'assemblée générale des actionnaires. M. Aissiouane explique aussi que l'examen des comptes de l'entreprise pour 2011 a révélé un «recul» en volume de tirage de 13%, comparativement à 2010. Le PDG de Simpral estime que la situation actuelle ne permet pas d'attribuer une prime de bénéfice et que cette décision a été prise «selon la nouvelle la réglementation et les paramètres d'évaluation de rentabilité», souligne-t-il, en rappelant que chaque travailleur perçoit mensuellement une prime de rendement individuel. Aussi, selon le même responsable, l'augmentation des salaires et du régime indemnitaire et son incidence sur les charges de l'entreprise (augmentation de 25% des charges salariales) ont sensiblement affecté la trésorerie de la société. M. Aissiouane a précisé qu'«il y a amélioration dans le recouvrement des créances des éditeurs de presse, une nette amélioration par rapport aux années précédentes. Mais nous ne recouvrons pas à 100%», tout en rejetant tout lien entre ces créances impayées et la suppression de la prime de bénéfice.