L'importation de la viande rouge, récemment décidée par le gouvernement en prévision du mois de Ramadhan, est fortement contestée par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) qui demande au ministère de l'Agriculture d'annuler les autorisations délivrées aux importateurs. Selon son porte-parole, l'UGCAA entamera une campagne de sensibilisation auprès des commerçants pour les convaincre de boycotter cette viande. «Nous voulons que nos commerçants boycottent cette viande», appelle Hadj Tahar Benouar. La même démarche sera entreprise auprès des citoyens d'autant plus que jamais les prix de cette viande congelée n'ont été à leur portée. La contestation de l'UGCAA est basée sur plusieurs arguments. Les précédentes expériences ont démontré que les prix de la viande importée n'étaient pas concurrentiels. «Si la viande congelée et importée est sur le marché, autant la céder à 350 DA. Les années précédentes, la viande était vendue à 500 DA !», explique Benouar. Une telle importation aura, également, des répercussions négatives sur la production nationale. Tous les efforts des producteurs locaux seront vains, dans la mesure où la classe moyenne privilégie souvent le produit le moins cher. Il faudrait, toujours selon l'UGCAA, investir les 300 millions de dollars injectés dans l'importation de la viande pour aider les producteurs. «Si le gouvernement distribue cette enveloppe aux éleveurs et producteurs en leur imposant de baisser les prix, la situation sera nettement meilleure», argumente Benouar qui explique que les espoirs des éleveurs viennent de fondre comme neige au soleil. Tous les moyens doivent être plutôt focalisés pour encourager la production locale sachant qu'actuellement, elle est à moins de 400 000 tonnes par an alors que la demande s'élève à plus de 600 000. Un Algérien consomme entre 16 et 17 kg/an alors que les recommandations de l'OMS sont d'au moins 27 kg/an. A rappeler que le ministère de l'Agriculture a délivré jusqu'au mois de mars dernier, neuf dérogations sanitaires pour l'importation de la viande bovine désossée et congelée d'Inde. C'est la première fois que l'Algérie, qui importe de la viande fraîche et congelée d'une dizaine de pays, autorise l'importation de viande d'Inde pour «contenir la forte demande sur ce produit». Pour importer cette viande, il a fallu neuf ans de négociations pour l'Inde afin d'obtenir la certification pour l'exportation de sa viande vers l'Algérie, en répondant à toutes les exigences sanitaires.