A quelques jours du mois de Ramadhan, l'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) se veut rassurante. Lors d'un point de presse organisé, hier à Alger, le secrétaire général, Salah Souilah, a martelé que “durant le mois sacré tous les aliments seront disponibles”. “Le mois de Ramadhan coïncide, cette année, avec la saison des récoltes. Tous les aliments qui ont posé problème seront disponibles et en abondance cette année”, a-t-il précisé. Pour appuyer ses dires, le SG de l'UGCAA affirme que, concernant la viande blanche, la Société de gestion des participations de la production animale (Proda), a stocké 500 000 tonnes de poulet congelé. Ce chiffre sera renforcé par celui de l'Office national des aliments de bétail (Onab) qui, pour sa part, a stocké 4 200 tonnes de poulet. Cette décision de conserver la viande blanche pour le mois sacré a pour objectif d'inonder le marché dès les premiers jours du jeûne pour, justement, maîtriser et réduire les prix, selon les explications de M. Souilah. Le SG a attesté que le poulet sera cédé à 250 DA au lieu des 350 DA, actuellement. Il a également précisé que plus 70% du poulet vendu viennent des abattoirs clandestins. Par ailleurs, le conférencier a montré du doigt la gestion conjoncturelle de ce dossier par l'Etat. D'après lui, il n'est plus possible de poursuivre “la politique du congelé”. Il faut, préconise-t-il, aider les éleveurs pour qu'ils puissent assurer la production, même durant les grandes chaleurs. Pour ce qui est de la viande rouge, qui représente l'élément principal des plats algériens durant le mois de Ramadhan, le SG de l'UGCAA a souligné que l'Etat va importer, de l'Inde, 5 000 tonnes de viande bovine fraîche et la Société de transformation et de conditionnement des viandes (Sotracov) distribuera 4 000 tonnes de viande bovine congelée. Il faut noter que, d'après les déclarations du sous-directeur de la santé animale de ce département, Karim Boughalem, rapportées par l'APS, “c'est la première fois que l'Algérie, qui importe de la viande fraîche et congelée d'une dizaine de pays, autorise l'importation de viande de l'Inde afin de contenir la forte demande sur ce produit, caractérisant toujours l'arrivée du mois de Ramadhan”. M. Boughalem a expliqué que les négociations pour l'importation des viandes de ce pays, entamées en 2001, sont “le fruit de neuf ans de négociations au bout desquelles l'Inde a réussi à obtenir la certification pour l'exportation de sa viande vers l'Algérie, après avoir répondu à toutes les exigences sanitaires”. L'octroi de la certification ne s'est donc effectué qu'à la suite de “visites sur place de nos services vétérinaires qui se sont assurés du respect de toutes les normes”, a-t-il fait savoir. M. Boughalem a encore assuré que ces viandes seront importées de deux Etats indiens musulmans. C'est ainsi que le ministère a délivré, jusqu'à présent, neuf dérogations pour l'importation des viandes bovines de l'Inde. M. Souilah a avancé le prix de 450 DA le kilo pour la viande indienne congelée, alors qu'auparavant, le P-DG de Sotracov – unique importateur public de viandes en Algérie – avait déclaré à l'APS que le prix de vente sera situé dans une fourchette “allant de 410 à 560 DA/kg, en fonction des pièces”, tout en se réjouissant de ce “prix concurrentiel”. De son côté, le secrétaire général de l'Union nationale des producteurs des viandes rouge et blanche, Bilel Djemâa, ne cache pas son pessimisme quant à la décision d'importer la viande de l'Inde. “Je ne suis pas contre la décision de l'Etat, mais cela ne me réjouit pas. Il y a un produit national même s'il est plus cher. J'aurais préféré qu'on importe du bétail (…)”, a-t-il dit. à propos de la crainte d'une éventuelle pénurie de pain durant le mois sacré, le SG de l'Union nationale des boulangers, Youssef Kalafat, n'écarte pas cette éventualité dans le cas où il y aurait des coupures d'électricité répétitives. “Il n'est pas exclu que, durant ce mois de jeûne, nous assistions à une pénurie de pain et cela pourrait arriver dans le cas où il y aurait des coupures fréquentes du courant électrique. De plus, durant ce mois, la consommation de pain diminue de 80%, et une heure sans électricité est synonyme de 7 500 DA de perte sèche, chose qui pousse davantage les boulangeries à baisser rideau durant cette période de l'année”, a-t-il expliqué. Selon le SG de l'UGCAA, les prix des fruits et légumes connaîtront, eux aussi, une baisse. Il prévoit que les prix de la pomme de terre, de l'ail ainsi que la tomate, ne dépasseront pas 20 DA/kg. Au sujet de la spéculation, le SG de l'UGCAA a assuré que du moment que les marchés sont inondés, la spéculation ne trouvera pas d'espace pour prospérer. Si les prédictions des membres de l'UGCAA pouvaient s'avérer justes, et c'est tout le mal qu'on leur souhaite, on pourrait dire aux citoyens : “À vous fourchettes et couteaux.”