Nous recevons une dizaine d'appels par jour nous signalant des fuites. On a beau mettre 4 à 5 équipes sur le terrain, on cumulera toujours des fuites. » La déclaration du représentant de la direction de l'hydraulique devant les élus de l'APW sonne comme un aveu d'impuissance. A deux pas de là, l'eau coule depuis plusieurs semaines au rond-point de Daouadji. Une fuite de trop. Sous la chaussée, la conduite d'AEP est en fente. Elle ne pouvait pas tenir plus longtemps. L'APW était convoquée pour décider de la dissolution de l'établissement de distribution d'eau ménagère, industrielle et d'assainissement (Edemia) de la wilaya de Béjaïa qu'elle a créé il y a près d'une vingtaine d'années. Pour des considérations d'équilibre budgétaire, celle-ci a choisi d'être concessionnaire dans 18 communes (soit 10 chefs-lieux de daïra) les plus peuplées de la wilaya. L'établissement semble s'avouer vaincu dans une guerre de l'eau difficile à mener. Son personnel (658 agents), qui « a évolué avec les moyens de bord », est maintenu, autant que son patrimoine et ses activités qui sont transférés à l'Algérienne des eaux (ADE). Celle-ci prend le relais de la gestion de l'eau alors que le volet assainissement sera du ressort de l'Office national de l'assainissement (ONA). Du pain sur la planche pour l'entreprise nationale, l'ADE. Dans ses bagages, entre autres apports, un savoir-faire, des compteurs nouvelle génération et du matériel. « C'est l'ADE qui nous a dépannés par des camions-citernes lors de la coupure survenue après l'impressionnant éboulement d'Aokas. » Chez les élus, les ardeurs sont tempérées. Quelle stratégie pour l'Algérienne des eaux ? Quels moyens pour la mise à niveau ? Quelle politique des prix ? A la perspective de juin de l'année en cours, l'ADE récupérera toutes les Edemia du pays. D'ici 22 mois, elle aura mis sous sa coupe les régies communales aussi. A Béjaïa, elles sont au nombre de 34. Dans le lot des difficultés de gestion, les pompes « grillées ». Etranglées par l'insuffisance des ressources budgétaires et aussi des protestations naissantes, beaucoup de ces communes ont été amenées à solliciter le concours de la wilaya pour l'acquisition d'un nouveau matériel hydraulique. Qu'en sera-t-il avec l'ADE dont la gestion paraît plus ou moins centralisée ? La wilaya dépendra de l'agence régionale d'Alger. Une commission de wilaya a été créée pour l'intégration des moyens humains et matériels de l'ADE qui devra reverser 280 millions de dinars aux communes au titre de la taxe d'assainissement. Un versement que n'a pu faire l'Edemia étouffée par des dettes cumulées à la fin 2005 de plus de 112 millions de dinars. En endossant et l'actif et le passif de celle-ci, l'ADE prendra désormais sur elle la gestion aussi d'un transfert de 70 km du couloir Tichy-Haf-Akbou qui alimentera 22 communes avec 120 000 m3/jour et d'une unité de dessalement programmée avec 50 000 m3/jour.