Les ilots abandonnés défigurent la capitale. La démolition des immeubles menaçant ruine a créé un grave problème : les espaces dégagés sont souvent laissés à l'abandon. Si dans certaines communes ces assiettes sont transformées en parkings sauvages, gérés par des «parkingueurs» patibulaires ou accueillent de rares équipements publics, dans la plupart des quartiers, ces lieux sont devenus des décharges sauvages sans que les services de la voirie décident d'intervenir.«Un espace à Necira Nounou, dégagé après la démolition d'un vieil immeuble, a été transformé par certaines personnes bien inspirées en décharge où s'entassaient des sachets d'ordures ménagères et des gravats. Après la protestation de quelques sages de notre quartier lors d'un comité de la ville (Coville), le P/APC a vite ordonné de clôturer avec des parpaings l'espace, mais nous constatons que les habitudes ont la vie dure. Les mêmes personnes, qui ne veulent pas payer un camion pour faire transporter leurs gravats, les jettent dans cet endroit», s'indigne un résidant du quartier qui a apprécié, cependant, le fait que l'APC ait décidé de reprendre un espace du quartier où devrait être construit un équipement culturel. Des résidants d'autres quartiers de l'APC sont moins contents. Sur la rue Hassiba Ben Bouali, un espace est transformé en parking sauvage.«Le parking, ou ce qui en tient lieu, est géré clandestinement. Ni la police, dont le commissariat est pourtant sur l'autre trottoir, ni l'APC de Sidi M'hamed n'ont pu fermer à ces gens. L'endroit est cabossé et provoque des bouchons. Les mauvaises langues m'ont assuré que les gérants indélicats bénéficieraient de certaines complicités. Je n'ai pas pu vérifier cela, mais est-ce impossible sous nos cieux ?», s'interroge un résidant de la rue Bichat, qui remarque le va-et-vient des automobilistes qui garent dans cette aire de stationnement clôturée mais jamais complètement aménagée. Les assiettes, aménagées à Alger-centre après le séisme de 2003 sont restées vides. Des voitures garent dans ces espaces. Le parking de l'APC, dont les grillages ont été démantelés, est toujours fermé. «Les fleuristes, qui occupaient d'une manière désordonnée l'espace attenant à l'assiette de l'ancien hôtel d'Angleterre, touché de plein fouet par un attentat terroriste, ont été délocalisés on ne sait où. Les voitures des agents garent à l'intérieur de ces assiettes. A la rue Tanger, l'APC a aménagé un espace avec des bancs. J'aimerais bien voir cette expérience rééditée ici à Alger-centre et dans d'autres lieux de Bab El Oued, La Casbah. Les services de l'APC ne sont jamais bien inspirés. Un effort a été fait par l'APC pour construire un musée, l'Historiel, mais peut-on voir cela dans des communes où le foncier est pourtant absent ?», assure un ancien élu de l'APC. L'aménagement des espaces d'immeuble dans le tissu urbain est bloqué par la nature juridique des assiettes, relèvent certains administrateurs. «Certains espaces appartiennent à l'OPGI, d'autres à des particuliers relogés. L'Etat doit prendre en main ces espaces de plusieurs dizaines d'hectares. Des espaces verts, des terrains matico, comme je l'ai constaté à Belouizdad, sont les bienvenus. Alger étouffe et les espaces peuvent permettre de rendre moins difficile la vie des résidants de certains quartiers du centre-ville où le phénomène des immeubles menaçant ruine est le plus visible», suggère l'élu.