Vraisemblablement, la ville de Bordj-Mena�el restera immerg�e, pour longtemps, dans de graves probl�mes qui empoisonnent le quotidien de milliers de citoyens. En premier lieu, l�eau, du fait de sa raret�, de sa qualit� et du manque de maintenance du r�seau, complique davantage la vie dans les quartiers. Dans certains faubourgs, tels que Ettahrir ou le lotissement dit �Premi�re phase�, que nous avions sillonn�s en compagnie de ammi Abdallah, nous avions recens� plusieurs fuites. �Les habitations situ�es loin du ch�teau d�eau ne re�oivent l�eau qu�une fois par quinzaine. D�autres ont pass� les trois mois d��t� sans une goutte d�eau�, t�moignent plusieurs citoyens. Alors que nous discutions avec M. Fekiri, commer�ant, un agent de l�Alg�rienne des eaux, s�est point� pour relever les chiffres du compteur. Les plaisanteries n�ont pas manqu� de fuser parmi nos vis-�-vis. Les citoyens nous ont, par ailleurs, fait parvenir une bouteille de cette eau consomm�e par la population de Bordj, notamment le liquide qui arrive dans les robinets d�s les premiers l�chers. Elle n�est m�me pas bonne � l�irrigation. M. Amara, le P/APC FLN, qui nous a re�us dans son bureau, approuve les dires de ses administr�s. �Je souffre au m�me titre qu�eux de ce probl�me�, dit-il avant de pr�ciser que le r�seau d�AEP de la ville est g�r� par l�ADE. Selon lui, la nappe phr�atique de la r�gion de Bordj est faible mais la solution d�finitive r�side dans la connexion venant du barrage de Taksebt, dans la wilaya de Tizi-Ouzou pour alimenter la capitale. En attendant, les Bordjiens consommeront, � leurs risques et p�rils, une eau qui est, a priori, de qualit� douteuse. Un autre ph�nom�ne est en train de clochardiser la ville : c�est la prolif�ration effarante des d�charges sauvages de gravats et de terre extraite et rejet�e par les auto-constructeurs. Le cas du lyc�e Chaffai, cern� par ces rejets est d�plorable. Ammi Abdallah nous montre, un peu plus loin, un terrain am�nag� par des jeunes du quartier Ettahrir, pour s�adonner � leur sport favori, malheureusement il a �t� vite transform� en un immense tas de d�tritus de tous genres. A ce sujet, M. Amara affirme que l�enl�vement est du ressort de la Direction des travaux publics de la wilaya (DTPW) qui a la charge des d�molitions et des �vacuations des gravats issus des d�molitions de l�apr�s-s�isme. Une entreprise aurait �t� d�sign�e pour cette t�che. �Nous avions sign� un arr�t� d�interdiction de d�chargements en dehors des endroits pr�vus � cet effet. Dans le m�me arr�t�, les contrevenants s�exposent � une amende 5 000 DA en plus d�une mise en fourri�re de trente jours du v�hicule surpris, mais cette directive n�a jamais �t� appliqu�e.� Un autre arr�t� n�a pas �t� approuv� par la tutelle, il s�agit de l�occupation ill�gale des trottoirs de toute la ville par des centaines de commer�ants dont la plupart n�ont aucun papier pour exercer cette fonction. �C��tait pour moi un engagement �lectoral que de supprimer l�occupation des trottoirs de notre ville m�me si je me mettais � dos les �lecteurs�, rappelle le maire. Il faut signaler que les chauss�e pi�tonni�re de la ville a �t� envahie de mani�re outrageuse par des individus qui, devant cette fuite de responsabilit�s, �rigent quotidiennement de v�ritables bidonvilles avec des mat�riaux sommaires et de hideux morceaux de plastique pour am�nager des espaces et �couler leurs marchandises. Certains commer�ants, �tablis, ont �largi, par des constructions en dur, leurs espaces respectifs sur le domaine public de l�Etat. �Sur la route de Cap- Djenet, o� se trouve le si�ge de la da�ra, il y a cinq �tablissements scolaires fr�quent�s par deux mille �l�ves, plus la gare routi�re. Toutes les personnes qui empruntent cette importante avenue circulent sur la route en s�exposant aux risques d�accidents � cause de ces indus commer�ants�, nous dit avec col�re le premier magistrat de la ville qui ajoute : �Nous avons am�nag� le terrain des ex-Galeries � leur intention mais � l�exception des poissonniers les autres ont refus� de rejoindre l�endroit�. L�acc�s � l�h�pital de la ville est �galement obstru� par une nu�e de vendeurs. Ordures, animaux errants et rats sont le spectacle quotidien des riverains d�un b�timent du quartier �la For�t� de 66 studios, construits dans les ann�es 1950. Gravement endommag�e par le tremblement de terre, class�e rouge et objet, selon le P/APC, d�un arr�t� de d�molition mais, � en croire plusieurs sources, cette b�tisse, �vacu�e par les occupants recas�s dans des chalets, qui plus est auraient b�n�fici� d�indemnit�s li�es aux s�quelles de la catastrophe, aurait �t� reclass�e orange 4, par le CTC, parce que, nous diton, les commer�ants du rez-de-chauss�e refusent de quitter les lieux. D�labr�, les portes et fen�tres d�mont�es et probablement vol�es, cet HLM est devenu un lieu de fixation de la d�linquance et d��coulement des stups, nous affirment les voisins. Justement, la ville n�en a pas fini avec les op�rations de d�molition des b�tisses �branl�es par le s�isme. A une travers�e de la chauss�e du si�ge de l�APC, la vue que d�gage l�ancienne �glise devenue le si�ge de l�union de wilaya UGTA est sinistre. Au niveau du boulevard Amirouche, plusieurs b�timents constituent des risques pour les passants. Etrangement, au rez-dechauss�e, des commerces, des locaux sont class�s vert 1, tandis que le premier �tage est en ruine. Les marchands pour se pr�munir contre une d�molition forc�e, pour lesquelles les arr�t�s sont, selon M. Amara, �tablis, ont poursuivi les propri�taires en justice. A la sortie du bureau de M. Amara, nous avions rencontr� un �lu FFS, le docteur Ouzeriat, qui nous a fait part de son indignation au sujet de trois constructions illicites, entam�es par trois fr�res dont l�un serait un fonctionnaire des travaux publics de la direction de Boumerd�s. Ces constructions sont r�alis�es ill�galement, selon lui, sur 3 000 m2 de terres domaniales, pr�vues pour un projet de 50 logements LSP. �Un arr�t� de d�molition est sign�, mais personne ne veut l�ex�cuter�, nous dit-il irrit�. Il serait fastidieux de citer tous les probl�mes qui �tranglent cette commune qui a rat�, en 1985, le privil�ge d�abriter le si�ge de la wilaya naissante. L�administration, qui n��chappe pas au syst�me de gouvernance propre � l�Alg�rie, faute d�impulser l��mergence d�une soci�t� civile comp�titive et en mesure de prendre en charge le devenir de cette localit�, exploite les contradictions sociales locales pour �radiquer la s�ve citoyenne afin d�emp�cher toute contestation et revendication politique. Jadis ville accueillante et dynamique, r�put�e pour ses commerces organis�s et florissants, connue aussi pour ses activit�s culturelles, les meilleures entre Alger et Tizi-Ouzou, dans les domaines du cha�bi et du th��tre notamment, la ville de feu Hadj Menouar, n�invite plus � s�y attarder.