On termine le trip cannois essoufflé, épuisé et encore une fois assez déçu par un palmarès où on plaçait haut le beau film de Abbas Kiarostami Like Someone in Love, splendide voyage au coeur de Tokyo, un travail esthétiquement en avance sur tous les autres. A la trés haute perfection et au raffinement de la mise en scène de Abbas Kiarostami, le jury a préféré le film autrichien Amour de Michael Haneke grâce surtout au jeu intense, émouvant de Jean Louis Trintignant et Emanuelle Riva, grands acteurs français. A part leur prestation, le cinéma français est parti bredouille. Les babils, les rumeurs entendus tout le long du festival faisant croire que les films français d'Audiard et Carax allaient remporter tous les prix se sont noyés dans un immense chagrin... Entre deux projections, on essayait de fuir la Croisette en plongeant dans le sous-sol du marché du film. La Croisette était secouée par de fortes averses et un vent singulièrement violent pour un mois de mai. Le soir du palmarès, des trombes d'eau inondaient le tapis rouge. Dés qu'on mettait le nez dehors finalement, on sacrifiait à l'achat d'un parapluie chinois à un des vendeurs mourides plantés devant le "bunker". Achat aussitôt amèrement regretté parce qu'une grosse bourrasque quelques instants plus tard réduisait le parapluie à néant... Si le programme officiel gardait une certaine hauteur, grâce aussi aux films de Un Certain Regard comme La Pirogue, trés injustement oublié du palmarès de cette section, et les films de Xavier Dolan et Joachim Lafosse, on a eu aussi quelques plaisirs à voir ailleurs Xica da Silva de Carlos Diegues et La musique selon Tom Jobim de Nelson Pereira dos Santos. A la fin du festival a surgi une réalisation majeure venue d'Ukraine : Dans la brume de Sergei Loznitsa. Une œuvre forte qui revisite les films de guerre, sans héros, avec des gens broyés dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Faute de primer Abbas Kiarostami, le jury aurait pu au moins faire un scoop avec ce film, comme ce fut le cas du trés inattendu et pourtant génial Papa est parti en voyage d'affaires, d'Emir Kusturica, palme d'or 1985. L'an prochain peut-être on sera d'accord avec le palmarès...